Une semaine après le 66e sommet de la CEDEAO, tenu le 16 décembre 2024 à Abuja, la Confédération de l’AES est sortie de son silence pour lecture et réponse à la demande de prorogation de leur retrait de l’espace communautaire.
Ce dimanche 2 décembre, une réunion stratégique des Chefs d’Etat de l’Alliance des Etats du Sahel, a permis au nouvel espace isolé de « tenir son langage de vérité ». L’AES a donné une réponse ferme à la CEDEAO et aux puissances étrangères.
Des mesures de défense renforcées face aux menaces
« Cette mesure unilatérale vise à entraver notre souveraineté et à permettre des plans déstabilisateurs dans notre région », a déclaré le Général Assimi Goïta, président en exercice de l’AES. Cette déclaration reflète une montée des tensions entre l’AES et la CEDEAO, avec des accusations mutuelles et des inquiétudes croissantes autour de la stabilité régionale.
Face à ce qu’ils qualifient de « tentatives de déstabilisation », les dirigeants de l’AES ont annoncé des initiatives majeures pour consolider leur sécurité. « Nos forces de défense et de sécurité sont désormais en alerte maximale », a précisé le Général Goïta. L’espace confédéral de l’AES sera traité comme un théâtre unique d’opérations militaires afin de mieux coordonner les actions de défense.
En outre, les populations des trois États membres sont appelées à signaler tout comportement suspect et à rejeter toute tentative d’enrôlement dans des groupes terroristes. Ces mesures visent à contrer une réorganisation des groupes armés dans des zones sensibles comme le bassin du Lac Tchad et les corridors Niger-Nigeria, Niger-Bénin et Niger-Burkina Faso.
Fatouma Diallo, politologue et experte des conflits en Afrique de l’Ouest, souligne : « L’AES tente de structurer une réponse forte pour affirmer sa souveraineté, mais les défis sécuritaires et diplomatiques demeurent énormes. »
La CEDEAO entre dialogue et pression
Lors du sommet d’Abuja, les chefs d’État de la CEDEAO ont exprimé leur souhait de réintégrer les membres de l’AES dans l’organisation. Pour cela, les présidents du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, et du Togo, Faure Gnassingbé, ont été mandatés pour initier des discussions.
Cependant, les dirigeants de l’AES restent sceptiques face à ces démarches. « Nous sommes prêts au dialogue, mais pas au détriment de notre dignité et de notre indépendance », a martelé un haut responsable de l’organisation.
Dans ce contexte tendu, les relations entre le Niger et le Nigeria se détériorent davantage. Le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakary Yaou Sangaré, a récemment convoqué la chargée d’affaires nigériane à Niamey pour dénoncer des attaques présumées contre le pipeline Niger-Bénin et la création de camps militaires près de la frontière. Ces accusations, qualifiées de « sans fondement » par Abuja, aggravent les tensions.
Pour les dirigeants de l’AES, ces crises ne sont pas seulement régionales, mais reflètent également des pratiques néocoloniales orchestrées par des puissances étrangères. « Nos peuples ne peuvent plus être les spectateurs d’un jeu de domination internationale », a déclaré Assimi Goïta, appelant à une mobilisation générale pour préserver l’intégrité territoriale des États membres.
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