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Le débat sur l’indemnisation des victimes de la crise post-électorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire s’est invité au cœur des discussions politiques ce mercredi 15 janvier 2025. Lors d’un point de presse tenu à l’issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a répondu aux récentes déclarations de l’ancien président Laurent Gbagbo. Ce dernier, dans une intervention au Palais de la culture d’Abidjan, avait promis de dédommager toutes les victimes s’il revenait au pouvoir.
Amadou Coulibaly a fermement défendu les actions menées par l’administration d’Alassane Ouattara en matière d’indemnisation. « Les victimes de la crise post-électorale sont organisées en associations. Elles savent tout ce que le président Ouattara et le gouvernement actuel ont fait pour leur indemnisation, y compris la prise en charge de certains patients. Ce processus s’est poursuivi et reste ouvert », at-il déclaré.
Le porte-parole a toutefois reconnu que certaines victimes n’ont pas été identifiées, souvent en raison de leur crainte ou de leur réticence à se signaler. Il a ajouté que le gouvernement restait prêt à accueillir ces personnes dans le cadre d’un processus qui, selon lui, est en constante évolution.
Les propositions d’Amadou Coulibaly font écho aux engagements pris par Laurent Gbagbo le samedi 11 janvier 2025 lors des « Assises des femmes de Côte d’Ivoire ». Le leader du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) avait alors affirmé : « Quand je deviendrai président, toutes les victimes seront dédommagées ». Cette promesse s’adresse notamment aux familles touchées par les violences survenues à Abobo, l’une des zones les plus affectées par la crise.
En réponse, Amadou Coulibaly a prévenu que les promesses électorales devaient être prises avec prudence : « Nous sommes en période quasi électorale. On va entendre beaucoup de promesses. Mais elles n’engagent que ceux qui y croient ».
Une réparation en chantier
La crise post-électorale, qui avait fait plus de 3 000 morts selon la Commission d’enquête nationale en 2012, reste un théâtre ouvert dans la société ivoirienne. Le rapport de cette commission attribue 1 452 morts au camp Gbagbo, 727 au camp Ouattara, et 1 069 victimes à des auteurs non identifiés. Depuis, des efforts ont été engagés pour réparer ces préjudices, mais des critiques subsistent quant à l’équité et à l’ampleur de ces mesures.
Laurent Gbagbo, par ses propositions, relance la question de la responsabilité de l’État dans l’accompagnement des victimes. Pour de nombreux observateurs, cette stratégie pourrait renforcer son poids électoral en capitalisant sur les attentes des populations directement ou affectées par la crise.
Vers une réconciliation durable ?
Si le gouvernement défend son bilan, la question de l’indemnisation des victimes illustre un enjeu plus large : celui de la réconciliation nationale. Les annonces faites par les deux camps traduisent une reconnaissance des souffrances endurées par les populations, mais elles révèlent aussi les clivages persistants dans la société ivoirienne.
Alors que le pays s’apprête à entrer dans une nouvelle période électorale, les Ivoiriens attendent des actes concrets et une réponse inclusive à leurs aspirations. La réparation des torts passés pourrait être un facteur déterminant pour consolider la paix sociale et reconstruire un tissu national encore fragile.
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