Depuis plusieurs années, la présence de la France en Afrique subit un recul significatif, tant sur le plan militaire que diplomatique et économique. En 2024, cette tendance s’est confirmée de manière spectaculaire avec la fin des accords de défense entre la France et le Tchad, annoncés sans préavis par N’Djamena le 28 novembre.
Ce retrait symbolique s’inscrit dans une série de ruptures unilatérales, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger, où les troupes françaises ont été forcées de quitter le territoire.
Ces événements marquent une perte d’influence majeure de la France sur le continent africain, traditionnellement considérée comme son pré carré. Alors que Paris plaide pour des relations renouvelées et débarrassées des stigmates du passé colonial, le résultat sur le terrain est un affaiblissement de ses positions stratégiques.
Ce recul diplomatique et militaire va de paire avec une érosion commerciale : bien que la France reste le deuxième investisseur sur le continent, elle fait face à une concurrence féroce des sociétés chinoises, turques et indiennes, qui ne cessent de gagner du terrain.
Face à ces bouleversements, la France cherche à redéfinir sa présence en Afrique. Les récentes visites du président Emmanuel Macron à Djibouti et en Éthiopie illustrent cette stratégie de repositionnement. Abandonnant progressivement les pays du Sahel occidental, la France semble se tourner vers la Corne de l’Afrique, une région stratégique pour le commerce international et la sécurité maritime. Ce choix répond également à une volonté de diversifier ses partenariats dans des zones moins hostiles à sa présence.
Malgré ces efforts, le défi reste immense. La perception de la France en Afrique est de plus en plus négative, alimentée par des accusations d’interventionnisme et de paternalisme.
Les populations africaines, portées par un vent de souverainisme, exigent davantage d’indépendance et de respect dans leurs relations avec les anciennes puissances coloniales. Cette dynamique complique les ambitions françaises, qui doivent composer avec des élites locales parfois des critiques et une concurrence internationale s’accumulent.
La France se trouve donc à un tournant de son histoire en Afrique. Si elle entend conserver une place sur le continent, elle devra réinventer son approche et adopter une posture davantage basée sur le partenariat mutuellement bénéfique. Cela implique de céder la place à de nouvelles formes de coopération, à la fois respectueuses des aspirations africaines et adaptées à un contexte géopolitique en évolution rapide.
Alors que le poids économique des puissances émergentes se fait de plus en plus sentir, la France pourra-t-elle relever ce défi et prouver qu’elle reste un partenaire crédible pour l’Afrique de demain ? Rien n’est moins sûr, mais l’échiquier africain, en perpétuel mouvement, réserve encore bien des surprises.
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