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La coordination des Organisations de la société civile (OSC) a lancé une mobilisation des fils et filles du pays ce vendredi 29 septembre 2023, pour manifester une fois de plus leur soutien à la transition et réclamer par la même occasion, le changement de la constitution. Se prononçant au micro de Lefaso.net, leur motivation est que la loi fondamentale s’inspire des traditions du Burkina Faso.
Abdou Zongo
« S’il est vrai qu’on peut changer la constitution, il faut vraiment qu’on la change pour prendre en considération la voix de nos ancêtres, nos traditions, nos valeurs. Nous n’écoutons plus les anciens, c’est ça qui est la cause de notre perdition ».
Mahamadi Ouimenga
« Notre constitution doit être changée et on n’a pas besoin qu’on nous le dise pour qu’on le sache. Nous avons des lois où celui qui a la poche pleine aura raison en justice et le pauvre sera enfermé.
Des lois où des hommes peuvent aller ensemble, des femmes ensemble, des hommes avec des animaux ou des femmes avec des animaux, des lois où l’enfant peut convoquer le père pour qu’on l’enferme par la suite, nous sommes contre tout ça. Ce sont des choses que nous ne voulons plus parce qu’elles ne nous font pas avancer ».
Fabrice Compaoré
« Notre mobilisation aujourd’hui est motivée par la constitution. Ce que nous voulons, c’est qu’on change notre constitution pour qu’elle soit conforme à notre vécu, à nos traditions. Nous voulons qu’on la change. Mais on ne peut pas la changer si les autorités elles-mêmes ne changent pas. Ceux qui gâtent les choses, se sont ceux qui font les coups d’Etat.
Si un quelqu’un rate son coup d’Etat, que les autorités ne le rate pas. On doit le faire passer à la télé et sur les médias pour qu’on sache que c’est lui qui voulait faire le coup d’Etat. En ce moment, on demande au peuple ce qu’il veut qu’on fasse de lui. C’est comme ça ils font et après c’est le peuple qui souffre ».
« A travers cette manifestation, nous voulons interpeller le président, le Premier ministre et le président de l’Assemblée législative de transition sur nos textes de lois et notre constitution. Nous nous voulons leur dire que, depuis notre indépendance en 1960, nous ne pouvons plus accepter que ce soit un code pénal écrit en 1804, que nous allons continuer d’utiliser.
Nous aussi nous avons des intellectuels, des hommes de droit, des économistes qui peuvent faire changer les choses. Voilà pourquoi nous voulons qu’on change notre constitution car si on le fait, le terrorisme va finir.
Si on change la constitution, les coups bas et les coups d’Etat qu’on fait vont finir. Donc si on veut que tout cela change, il faut qu’on change notre constitution. Et c’est pourquoi nous interpellons Ibrahim Traoré parce que c’est lui qui fait notre affaire présentement et si quelqu’un est contre ça, il y a deux cas : soit c’est un ennemi, soit c’est un impérialiste ».
Ghislain Dabiré
« Il y a des textes communautaires qui, une fois ratifiés, sont au-dessus de la constitution. Certaines normes internationales se basent même sur les textes internes pour empiéter sur nous. Il nous revient donc de voir comment est-ce que nous pouvons donner de la valeur et de la teneur à la constitution pour qu’elle puisse s’exprimer de façon claire et à voix haute lorsque nous nous exprimons à l’international.
Et même à l’interne, le principe cardinal même de la séparation des pouvoirs n’est pas respecté. Notre constitution n’a pas été refusé quant à la relation qui existe entre le législatif et l’exécutif.
A observer de près, on a comme l’impression que c’est l’exécutif qui est en train de tout gérer. Pourtant c’est un principe qu’il faut prendre en compte pour éviter que demain cette même constitution ne serve les intérêts des personnes au pouvoir. Il faut donc que l’on revoit toute cette formation pour que ce même conseil constitutionnel ne valide ni n’invalide certaines règles comme on il l’entend.
Ces manifestants qui sont là demandent que notre constitution soit beaucoup plus endogène, qu’elle tienne compte de certaines réalités sociales qui puissent refléter le Burkinabè. C’est vrai que nous sommes ouverts, nous ne vivons pas en autarcie, mais si la constitution est burkinabè, elle doit refléter le Burkinabè.
Tenir compte de la législation française pour rédiger la nôtre du fait que nous sommes descendants directs de ce colon-là, nous disons aujourd’hui que nous réclamons une souveraineté totale.
Il faudra donc que la constitution tienne compte de nos réalités, sans oublier la justice traditionnelle, la prise en compte de certains interdits, tels que l’homosexualité. A partir de notre constitution, on doit déjà nous dire si demain nous irons vers ça ou pas. Il ne faut pas permettre à quelqu’un de venir nous dire que nous devons accepter l’homosexualité.
A partir de notre constitution, la personne doit être convaincue que le Burkina Faso est dans telle ou telle position, que les valeurs traditionnelles du Burkina Faso tiennent lieu de droit pour telle ou telle chose. Il ne faut pas permettre à notre constitution de laisser la latitude aux gens de douter de notre position et la base même de notre État ».
Propos recueillis par Erwan Compaoré
Lefaso.net
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