S’il était vivant, il aurait eu 65 ans le 10 février dernier, date de son anniversaire de naissance. Mais le 8 juillet 2020, alors que l’on ne s’y attendait pas du tout, l’annonce de la mort d’Amadou Gon Coulibaly a fait l’effet d’une onde de choc en Côte d’Ivoire. Quatre années après, sur la base de témoigne de son premier cercle, L’Avenir vous replonge dans la douleur de la dernière journée du Lion de Korhogo sur terre.
Mercredi 8 juillet 2020 : Un début de journée comme toutes les autres…
Le mercredi 8 juillet 2020 a démarré pour Amadou Gon comme toutes les autres. C’est un jour doublement spécial parce que c’est le jour de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres et c’est aussi son premier conseil après deux mois de convalescence. Mais pour AGC, le sport matinal est une routine. Ainsi, après près d’une heure de vélo, le Premier ministre prend un petit déjeuner très soft et se prépare pour le Plateau.
Après avoir dit au revoir aux siens, le cortège du Premier ministre se met en branle pour la Primature. Mais un détail très important. Amadou Gon ne démarre jamais ses journées sans dire bonjour à sa génitrice et recueillir à nouveau ses bénédictions. Avant donc de se lancer pour la Maison blanche du Plateau, petit détour à Cocody II Plateaux, secteur BMW pour saluer sa mère avant d’attaquer la journée.
Ce jour-là, maman Hadja Fatoumata Gon Coulibaly demande à passer un peu plus de temps avec son fils. Mais les minutes s’égrènent. La notion du temps étant une valeur cardinale pour Amadou Gon tout comme pour son père Alassane Ouattara, le Premier ministre rassure ‘‘la vieille’’ qu’il reviendra à la descente du boulot pour passer plus de temps avec elle.
Pour Amadou Gon, nous ne nous lasserons pas…
Quelques dizaines de minutes plus tard, le PM est à ses bureaux. Il passe en revue quelques dossiers qui doivent être traités tout à l’heure autour de la table du Conseil. Une demie heure plus tard, Amadou Gon fonce vers le bâtiment principal de la Présidence où il doit prendre part à une première séance de travail : Le Conseil présidentiel.
C’est une réunion restreinte qui concerne quatre personnalités : Le Président de la République, le Vice-président, le Premier ministre et le Secrétaire général de la Présidence et a pour but de plancher préalablement sur les dossiers les plus importants et les plus stratégiques qui seront débattus en Conseil des ministres. Ce mercredi 8 juillet 2020, Alassane Ouattara reste à ses bureaux et demande à son vice-président Daniel Kablan Duncan de présider la réunion qui enregistre ce jour-là, la présence du ministre de la Défense, Hamed Bakayoko.
Après le Conseil présidentiel, place maintenant au Conseil des ministres. A la table de séance, le Premier ministre fait face au président Alassane Ouattara à côté duquel se trouve le ministre d’Etat Hamed Bakayoko. Amadou Gon tousse. Il fixe pendant quelques instants le ministre de la Défense qui souffle à l’oreille du président que le Premier ministre semble ne pas être au mieux de sa forme.
Mais Amadou Gon ne présente aucun signe inquiétant. Le Conseil se déroule normalement avec la conclusion du Président de la République. A la fin des travaux, le chef de l’Etat demande au Premier ministre et au ministre de la Défense de le rejoindre à ses bureaux.
Courageux et fort jusqu’au bout….
Avant de monter voir le chef, Amadou Gon décide d’aller se rafraîchir. A son retour, il s’installe dans un sofa du bar de la salle du Conseil. Une fois assis, il défait le nœud de sa cravate, se déboutonne légèrement et l’on constate que sa chemise blanche est quasiment trempée de sueur. Contre toute attente il dit avoir très froid. Amadou Gon sort son téléphone et demande alors de faire venir son médecin personnel. Un membre du cabinet du Président s’empare de l’appareil qui est verrouillé.
Malgré le malaise, c’est le Premier ministre lui-même qui prend son téléphone, le déverrouille et compose le numéro de son médecin pour permettre de passer l’appel. Quand le toubib arrive, il demande l’évacuation d’Amadou Gon dans un centre de santé de référence. Il est embarqué dans une ambulance médicalisée qui quitte rapidement le Palais. Direction la clinique Farah de Marcory. Mais les embouteillages d’Abidjan vont emmener le cortège à changer d’itinéraire et à s’orienter vers la PISAM qui est encore plus proche du Plateau. Pendant ce temps, le temps s’est arrêté au Palais présidentiel.
Tout le monde, y compris le chef de l’Etat est en prière. 45 minutes après, la terrible nouvelle est portée à la connaissance du chef de l’Etat. C’est un véritable coup de massue. Celui dont le destin avait été tracé et qui devait devenir président de la République de Côte d’Ivoire dans seulement trois mois venait de passer sa dernière journée sur terre. Quatre années après, le temps est passé, mais Amadou Gon reste immortel…
You must be logged in to post a comment Login