« Mon objectif est de faire en sorte que les jeunes sachent que chaque jour, 1 milliard Fcfa leur est consacré sur toute l’année 2023 (…) J’ai déclaré 2023 comme année de la jeunesse et j’ai demandé au gouvernement de faire encore plus dans ce domaine essentiel », a affirmé, le mardi 25 avril, devant les députés et sénateurs réunis en Congrès parlementaire, le président ivoirien Alassane Ouattara qui a décrété l’année 2023 comme année de la jeunesse.

Alassane Ouattara a rappelé que « Le Gouvernement a adopté en consultation avec les jeunes le programme jeunesse-gouvernement 2023-2025. Ce programme a déjà débuté et se décline autour de trois axes stratégiques suivants : premièrement l’accélération de l’entreprenariat des jeunes ; deuxièmement le renforcement de l’engagement citoyen et de l’éthique sociale de la jeunesse ; troisièmement l’amélioration des conditions d’épanouissement et de bien-être des jeunes. »

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Après les applaudissements et autres remerciements à chaud de certains, des interrogations rejaillissent. En effet, des questions se posent quant à la source et surtout la clé de répartition ou encore la destination réelle de cette grosse somme d’argent annoncée en milieu d’année. Où donc le président de la République prendra-t-il cet argent qu’il a annoncé ? Le grand économiste qu’il est sait plus que tout le monde qu’une telle dépense devrait être prévue au Bugdet de l’exercice 2023, voté par les députés en fin de l’année 2022.

Dans ce cas, l’argent sera-t-il pris sur le budget 2023 du ministère de la Promotion de la jeunesse, de l’insertion professionnelle et du service civique qui s’élève à environ 513 millions Fcfa ? Si oui, à partir de quand la décision du président Ouattara entre en application, puisque nous sommes presque en mai et que l’exécution du Budget devrait avoir commencé depuis janvier 2023 ? Cette décision sera-t-elle retro-active pour des activités créatrices d’emplois des jeunes ayant été mises en route ou ayant été conçues, en attente de financement depuis janvier 2023 ? De janvier en avril, cela fait 4 mois et donc cela fait 120 jours pour 120 milliards Fcfa.

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Ou alors, c’est à compter de mai 2023 que cette décision prend effet et donc l’année de son exécution ira-t-elle jusqu’en mai 2024 ? Enjambant ainsi deux années budgétaires ? Ou bien alors, cet argent sera-t-il pris sur le fonds de souveraineté du président de la République ? Si oui, cela voudra dire que ledit fonds de souveraineté dépasse de loin les 365 milliards par an, puisqu’il faudra laisser des milliards pour justement la souveraineté. Dans ce cas, un petit calcul fera comprendre que le président, fort d’un tel fond de souveraineté pourrait dépenser, chaque jour, beaucoup plus d’un milliard. « C’est mirobolant, énorme, pour un pays endetté qui se cherche », soutiennent beaucoup.

Comment cet argent sera géré ? Là aussi est la grande question. Quel projet sera pris en compte et où ? La question est d’autant d’actualité que dans l’année 2022, de l’argent avait été mis à disposition pour des jeunes de la zone Nord parce qu’ils « sont dans une zone où le risque d’être appâtés par les groupes terroristes est grand. » Des milliers d’entre eux ont ainsi été subventionnés au grand dam des jeunes des autres régions de la Côte d’Ivoire.

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Comment donc sera gérée cette fois-ci le milliard par jour ? Quel genre d’activité, quelle catégorie de jeunes, quels espaces géographiques pourront bénéficier de cette manne ? Le soutien à la jeunesse sera-t-il sous forme de prêt ou de subvention ? Là aussi l’expérience a démontré que quelques jeunes avaient été particulièrement gâtés du fait du buzz qu’ils font, au détriment de beaucoup d’autres. L’un dans l’autre, après effet d’annonce, les Ivoiriens sont plus que sceptiques devant cette déclaration du chef de l’Etat. Wait and see, disent les Anglais.

Le Nouveau Réveil