Côte d’Ivoire : Zéro élu aux municipales et aux régionales dans le Moronou, Affi inutile pour Ouattara

Même s’il a perdu les élections régionales dans le Moronou, Pascal Affi N’Guessan et le Front populaire ivoirien ne devraient pas se retrouver isolé. Leur accord de partenariat avec le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, visant d’autres challenges plus grands que ces élections locales.

Si loin mais, déjà si proche ! Les grandes manœuvres ont commencé depuis bien longtemps pour certains, en prévision de la prochaine élection présidentielle.

En attendant que la fanfare ne se mette en branle dans sa famille politique, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) pour ‘’réclamer’’ sa candidature pour le prochain scrutin présidentiel, le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, s’occupe lui-même déjà assez bien, pour préparer cette échéance.

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Outre les changements impulsés à la présidence du Conseil constitutionnel, l’ancien mentor du Rassemblement des Républicains (RDR), sur le plan purement politique, place également des pions qu’il pense sûr, capable de l’aider lors de cette échéance.

Le retour d’Albert Toikeusse Mabri, qui avait fugué un temps, après avoir exprimé son malaise, quant au choix d’Amadou Gon Coulibaly, en mars 2020 comme candidat du Rhdp à la présidentielle de cette année-là, et rejoint l’opposition, jusqu’à être le porte-parole adjoint du Conseil national de transition qui continue de provoquer une crise d’urticaire aux cadres du Rhdp participe de cette stratégie.

C’est d’ailleurs pourquoi, après avoir longtemps hésité, l’ancien gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), qui donnait le sentiment de le snober, s’est résolu à nouer une alliance avec le Front Populaire ivoirien de Pascal Affi N’Guessan.

S’il a déjà obtenu du président de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (Udpci), d’éteindre complètement son appareil politique, Albert Toikeusse Mabri devrait aller plus loin : renoncer à une candidature à la prochaine élection présidentielle.

OUATTARA AVANCE SES PIONS
Dans la même dynamique, l’ancien Premier ministre le Laurent Gbagbo, devrait lui aussi renoncer à toute nouvelle aventure dans ce sens, ou à tout moins entretenir l’idée qu’il se porterait candidat, pour finalement se raviser en se désistant en faveur de l’actuel locataire du Palais présidentiel.

Interrogé récemment par notre confrère, l’Inter, le politologue et essayiste, Geoffroy-Julien Kouao, a décelé cette probabilité dans le ‘’partenariat’’ signé en mai dernier entre le FPI et le Rhdp. Même si l’ancien Premier Ministre a perdu ces élections régionales, le partenariat avec le Rhdp devrait courir jusqu’à la présidentielle de 2025.

« Alassane Ouattara a fait la passe à Affi car, il aura besoin de lui en 2025 pour l’élection présidentielle où, selon toute vraisemblance, il sera confronté à l’alliance Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Parti des peuples africains –Côte d’Ivoire. Ouattara a plus que jamais besoin d’Affi N’Guessan et le FPI, pour conforter son fauteuil présidentiel », a expliqué le juriste dans l’interview accordée à l’Inter.

Certes, le Parti des peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) a été laminée aux élections locales de samedi dernier mais, la réalité d’aujourd’hui n’étant pas celle de demain, surtout que 2025, c’est dans deux ans, le plan des deux partenaires ne devrait donc pas souffrir de la défaite d’Affi N’Guessan, qui était du reste, prévisible.

JEU D’INTERETS
En clair, le rôle que pourrait jouer Affi N’Guessan (avec d’autres recrues) pour Alassane Ouattara, en 2025, serait de légitimer la nouvelle candidature du Chef de l’Etat. Car, n’oublions pas qu’en 2020, M. Ouattara, pour justifier sa candidature, avait évoqué un ‘’cas de force majeur’’.

A la recherche d’un nouvel argument pour porter sa candidature et pour ne pas se retrouver coincer face à l’opinion internationale, qui découvrirait alors une sorte de supercherie, l’ancien haut fonctionnaire international, pourrait donc faire porter ses ambitions de 2025, par Albert Toikeusse Mabri, Pascal Affi N’Guessan et autres.

L’intérêt que l’ancien ministre de l’Enseignement Supérieur et le député de Bongouanou, porte cette candidature d’Alassane Ouattara, pense-t-on au rhdp, aura d’autant plus de poids, que ces deux personnalités, étaient en 2020 au cœur du CNT, que le chef de l’Etat assimile à un instrument monté par l’opposition pour le renverser.

AFFI COMME UN CHEVAL DE TROIE
Que de farouches adversaires se repentent et vienne porter cette candidature, pourrait donc aux yeux de M. Ouattara, être une belle parade.

« Ce n’est pas un revirement. C’est la continuation de l’action politique, en prenant en compte les échecs du passé, en prenant en compte les dérives du passé.

Et s’il y a un partenariat aujourd’hui, c’est parce qu’il y a eu désobéissance hier. S’il n’y avait pas eu de désobéissance civile hier, il n’y aurait pas eu de dialogue politique et aujourd’hui, il n’y aurait pas eu de partenariat.

Donc dialogue politique et partenariat ont pour objectif de tirer les enseignements du passé, et de prendre des mesures, de manière à ce que plus jamais, nous ne retombions dans ce que nous avons vécu en 2020 », chantonne déjà le président du FPI, quand on le questionne sur les dessous de son partenariat avec le camp présidentiel.

Mieux que la candidature, Pascal Affi N’Guessan, jusqu’au bout, devrait servir de cheval de Troie au Rhdp et à son leader.

D’ici l’année prochaine, avec le discours qui sied et les moyens qui vont avec, sous le prétexte de faire de la réconciliation, tel que consigné dans le parapheur brandi en mai dernier par le secrétaire exécutif du Rhdp et le président du FPI, Pascal Affi N’Guessan, devrait avoir pour mission de bousculer le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le Pdci d’Henri Konan Bédié dans les localités qui apparaissent encore leur bastion.

« Après les élections locales, pour donner plus de poids politique à Affi N’Guessan, il est fort plausible qu’il (Alassane Ouattara, ndlr) offre des postes ministériels au FPI. Tout ceci, avec un objectif clair, contrer électoralement Bédié et Gbagbo pour 2025 », décrypte Geoffroy-Julien Kouao.

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