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La nouvelle était attendue depuis que le président français, Emmanuel Macron, qui, après avoir vainement dénoncé le blocus dont faisait l’objet l’ambassadeur français à Niamey , Sylvain Itté, réduit à vivre de rations alimentaires, a annoncé son départ dimanche dernier lors d’un entretien télévisé.
Le diplomate a donc quitté le Niger, le mercredi 27 septembre, après des semaines de bras de fer dont l’issue ne faisait pas de doute : la France ne pouvait pas maintenir de force son émissaire dans un pays où celui-ci était déclaré persona non grata.
En effet, quelle était l’utilité d’un diplomate condamné à vivre dans un réduit de quelques mètres carrés dans un pays où l’actualité pressante recommandait de sa part, une proactivité dans la défense des intérêts français ?
Sauf à croire que Paris faisait exprès dans la provocation pour déclencher l’étincelle qui mettrait le feu aux poudres dans un pays qui était sous menace d’intervention militaire de la part de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et se prêtant du même coup aux critiques de ceux qui l’accusent de manipuler en sous mains l’institution sous- régionale.
Cela dit, quelle interprétation faut-il donner à cette retraite de la France, la queue entre les pattes ? Les partisans du pouvoir militaire se félicitent d’une victoire arrachée de haute lutte contre l’ancienne puissance coloniale qui était là pour pressurer le pays dans l’unique but de garantir ses intérêts.
Et à l’évidence, l’on ne peut le nier, ce départ en catimini de l’ambassadeur de France qui s’est barré par la porte la plus proche, à savoir le Tchad, est une victoire diplomatique importante pour les nouvelles autorités de Niamey.
A contrario, la France sort de ce bras de fer encore plus affaiblie que jamais dans le Sahel : l’ancienne métropole assiste impuissante à la désintégration de son empire au Sahel.
Mais ce qui est étonnant dans l’histoire de cette débâcle française amorcée depuis le Mali, c’est le caractère immuable de la politique de ,l’Elysée face à cette dynamique dont le contrôle lui échappe.
Paris refuse en effet d’accepter l’évolution interne dans les anciennes colonies françaises dont la jeunesse est devenue allergique au discours colonial et à la survivance de la françafrique.
Maintenant que l’ambassadeur de la France est parti, la question que l’on peut se poser est la suivante : quel est l’épisode suivant de ce feuilleton qui ne semble qu’à ses débuts au regard de l’animosité entre les deux alliés hier ?
Théoriquement, l’étape suivante est le départ de l’armée française qui lui aussi est acté. Mais la France va-t-elle se laisser éconduire comme un malpropre du Sahel où elle a de gros intérêts, notamment énergétiques pour ce qui est du cas spécifique du Niger ?
Sans doute, non ! Et l’un des moyens d’action sera certainement de pousser ses alliés de la CEDEAO, notamment les présidents Alassane Dramane Ouattara, Macky Sall et Patrice Talon à passer à l’action à travers l’agression armée envisagée.
Mais le jeu des alliances dans le Sahel et le positionnement des grandes puissances mondiales rendent de plus en plus hypothétique cette intervention armée.
L’on peut se risquer donc à dire que la France paie cash sa manque de vision dans le Sahel et cela sera certainement profitable à ses concurrents qui n’ont d’yeux que pour ces pays qui ont d’énormes richesses à exploiter.
Et l’on pourrait dire qu’elle récolte la tempête du vent qu’elle a semé, c’est-à-dire son intervention en Libye qui a ouvert les portes du Sahel aux groupes armés qui ont créé l’instabilité politique dans la bande sahélo-saharienne.
SAHO
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