Guerre dans l’Est : Les conditions pour une paix durable dans l’est, Sud kivu, Goma

Un gouvernement responsable et une armée digne : Pour le politologue Jean-Claude Mputu, ce sont deux fondamentaux pour construire une paix qui tienne dans l’est de la RDC.

Gouvernement congolais corrompu et appétit de Kigali : tant que ces deux problèmes de fond ne seront pas réglés, la région ne pourra pas vivre en paixImage : picture-alliance/Yannick Tylle

Le 8 février dernier, en Tanzanie, lors du sommet régional EAC/SADC, un appel au dialogue a été lancé pour mettre un terme au conflit dans l’est de la République démocratique du Congo. Mais les autorités congolaises refusent toujours de discuter avec les rebelles du M23, qu’elles considèrent comme un groupe terroriste.

Dès lors, une sortie de crise est-elle possible ? Un dialogue, oui, mais avec qui autour de la table ? Wendy Bashi a posé ces questions au politologue Jean-Claude Mputu qui est par ailleurs porte-parole de la plateforme congolaise de lutte contre la corruption « Le Congo n’est pas à vendre »

« Le dialogue actuel ne sera qu’une solution temporaire » (J-C Mputu)

Jean-Claude Mputu : Pour moi, le dialogue actuel ne sera qu’une solution temporaire tant que le problème de fond n’est pas résolu. Le problème de fond, il y en a deux. D’une part, il y a l’appétit et la mauvaise foi de Kigali qui profitent des troubles en RDC pour piller les richesses de ce pays et qui continuent à soutenir, à mettre en place des mouvements rebelles. Aujourd’hui, c’est le M23. Mais n’oublions pas que par le passé, il y a eu le CNDP (Congrès national pour la défense du peuple, ndlr) et autres.

Donc, tous ces éléments là montrent qu’il y a un vrai problème et le vrai problème, c’est d’une part un régime de Kigali construit sur la violence et la négation de la démocratie et de l’autre part, le deuxième problème, c’est la faiblesse de la gouvernance en RDC sur des régimes souvent corrompus et qui est depuis 30 ans aujourd’hui incapable d’organiser une armée, une défense capable de protéger son territoire.

DW : Monsieur Mputu, une fois ce constat posé, que fait on dans ce cas ? Quelle pourrait être la solution ? Comment évoluer ?

Jean-Claude Mputu : Tant que le Congo n’aura pas un gouvernement responsable et une armée digne de ce nom, capable de protéger ses frontières et de mettre fin aux aventures de tous les groupes armés – parce qu’on a le sentiment que les groupes armés étrangers ont élu domicile en RDC – on parle des FDLR, on parle des ADF, on parle même des différents mouvements – et ça, c’est inacceptable. Il est temps que le Congo s’organise pour pacifier et sécuriser son territoire, pour ne pas avoir ce genre de prétention, ce genre d’aventure.

Si ces deux conditions ne sont pas réunies, les conditions d’un retour à la paix définitive vont encore se faire attendre longtemps parce que d’un côté comme de l’autre, les causes sous-jacentes à ces conflits continueront. Et pour ça, il faut que le président Kagame puisse revoir sa manière de fonctionner, penser que.

Il ne suffit pas simplement de protéger son territoire pour être digne de ce nom, mais il ne suffit pas aller aussi faire des aventures chez les voisins. Je suis certain d’une chose : l’histoire est implacable. Un jour, le Congo retrouvera toute sa puissance et ce jour là, le Rwanda ne pourra plus mener ce genre d’aventure au Congo.