Les ministres des Affaires étrangères de la Cedeao – en réunion, jeudi, à Abuja – ont affirmé que « les raisons avancées par les trois États membres pour justifier leur retrait ne constituent que de la poudre aux yeux, cachant la véritable raison qui est leur intention de ne pas remplir leurs obligations au titre du traité et du protocole ».
En particulier, disent-ils, « ils (Etats) n’ont nullement l’intention de renoncer, dans un futur proche, au pouvoir politique qu’ils ont obtenu par des voies non constitutionnelles. Leur position pourrait être interprétée comme un stratagème visant à détourner l’attention de l’insistance de la Cedeao sur le rétablissement rapide de l’ordre constitutionnel ».
En plus, selon les ministres, les sanctions imposées au Niger, en particulier, ne sont ni illégales ni inhumaines car elles sont ancrées dans les protocoles de la Cedeao dont ces trois pays sont signataires. Les ministres ont « également indiqué que le Burkina Faso et le Mali ne sont pas soumis aux sanctions de grande ampleur auxquelles font allusion les trois États membres ».
« Les sanctions contre le Niger devaient être progressivement levées une fois qu’une feuille de route pour la transition aurait été adoptée et que le Président Bazoum aurait
été libéré », ont-ils précisé.
Dans le rapport des travaux, les ministres déclarent qu’aucune puissance ou influence extérieure n’a contraint la Cedeao à adopter ses traités, protocoles et actes dont le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont signataires de plein gré.
« Loin d’abandonner la vision des pères fondateurs de la Cedeao, la Cedeao a approfondi l’intégration et la solidarité régionales dont les trois Etats membres ont été les principaux bénéficiaires; les exigences de l’époque ont contraint la Communauté à associer la démocratie, la bonne gouvernance, les droits de l’homme et l’état de droit dans son programme d’intégration économique », peut-on lire dans le rapport.
Les ministres des Affaires étrangères disent rappeler que, « pour témoigner de sa volonté de dialoguer avec les autorités de transition et de lever tout goulot d’étranglement dans le processus de transition, la Cedeao a adopté, lors de son sommet ordinaire du 10 décembre 2023 à Abuja, certaines mesures de conciliation dont la levée des sanctions ciblées contre les Présidents de transition, les Premiers ministres et les Ministres des affaires étrangères, en plus de l’admission des pays aux réunions techniques et autres réunions de haut niveau ainsi que du dialogue sur des questions relatives à la sécurité, à la lutte contre le terrorisme, aux besoins humanitaires et à la criminalité transnationale organisée ».
Au lieu d’adopter la même attitude que la Cedeao, insistent les patrons de la diplomatie, « les autorités militaires des trois États membres ont continué de s’adonner à des sentiments et des discours populistes anti-Cedeao, tout en faisant obstacle aux interactions avec les représentants de la Cedeao ».
Pour eux, « cela a compliqué les efforts diplomatiques déployés par la Cedeao et ses partenaires en vue d’une transition sans heurt vers l’ordre constitutionnel dans les pays ».
Les ministres ont par ailleurs exhorté « les trois États membres à recourir au dialogue, à la négociation et à la médiation, qui sont les meilleurs outils pour trouver des solutions face à leurs préoccupations légitimes ».
Aussi, ils ont « encouragé la Cedeao à échanger sur cette question avec l’Union africaine, l’UEMOA, les Nations Unies et les organisations internationales, ainsi que d’autres partenaires bilatéraux, en vue d’exhorter les trois États membres à rester membres de la Communauté ».
Cette semaine, les trois pays ont réitéré leur « décision du retrait sans délai de la Cedeao, en raison de la violation par l’Organisation elle-même de ses propres textes, ainsi que les autres raisons légitimes mentionnées dans le Communiqué conjoint du Burkina Faso, de la République du Mali et de la République du Niger, du 28 janvier 2024 ».
Le dimanche 28 janvier dernier, dans un communiqué conjoint, les trois pays ont annoncé leur retrait « sans délai » de l’organisation estimant que la Cedeao « sous l’influence de puissances étrangères, trahissant ses principes fondateurs, est devenue une menace pour ses Etats membres et ses populations dont elle est censée assurer le bonheur ».
Selon les pays, l’organisation n’a pas porté assistance [aux] Etats dans le cadre de
[la] lutte existentielle contre le terrorisme et l’insécurité.
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