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Politique

Les crimes oubliés de la rébellion Ivoirienne, un rebelle se confie:  » pourquoi nous avons tué Robert Guéi ? « 

Pourquoi nous avons tué Robert Guéï. Les aveux d’ un rebelle des Forces nouvelles repenti.

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Je m’ appelle Padjofê Ibrahim. Je suis de l’ ethnie Dioula et je suis un déserteur de l’ armée ivoirienne. Si je donne mon vrai nom, c’ est parce que je n’ ai plus personne à protéger car, mes parents (mon père, mes deux sœurs et mon frère étudiant en licence d’ anglais à l’ Université de Bouaké) ont été exécutés dans la nuit du 8 au 9 février dernier.

Je suis donc un rebelle fugitif qui a décidé de ne plus participer à la destruction de mon pays. J’ ai été au cœur de la rébellion, j’ ai participé à toutes les étapes de la préparation de l’ attaque jusqu’ à son exécution.

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Je sais que les choses que je vais dire aujourd’ hui paraîtront aux yeux de certaines personnes comme une plaisanterie de mauvais goût, mais je jure sur les cadavres de mes parents que ce qui va suivre est la stricte vérité et même si cela arrive bien en retard, il n’ empêche qu’ il peut permettre de comprendre beaucoup de choses et de prévenir bien d’ autres dangers qui guettent le contrôle gouvernemental pour réaliser à quel point les Ivoiriens, avec les autorités à leur tête, ignorent les véritables dangers qui planent sur le pays.

Je voudrais préciser avant toute chose, qu’ aucun des pays qui entourent la Côte d’ Ivoire n’ aime la Côte d’ Ivoire. Ils ont tous participé d’ une façon ou d’ une autre à la destruction du pays.

J’ y reviendrai. Cela dit, je voudrais demander pardon aux Ivoiriens et à toutes les victimes innocentes de cette guerre atroce que nous avons provoquée dans notre propre pays.

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J’ ai fait du mal, beaucoup de mal en succombant à un certain discours, en pensant d’ après ce qu’ on nous avait dit, que le Président Gbagbo était venu au pouvoir pour organiser le génocide des gens du Nord et qu’ il fallait tout mettre en œuvre pour l’ arrêter.

Voilà pourquoi, la plupart de ceux qui ont pris les armes sont des gens du Nord et qu’ à la fin de cette guerre, on découvrira que 60% des jeunes du Nord sont morts, tant les FANCI les massacrent sur les fronts de guerre.

Quelqu’ un a dit que « le jour où ceux qui financent les guerres se retrouveront sur les fronts, il n’ y aura plus de guerre dans le monde ». Je me demande si ce monsieur se rendait compte de la véracité de ce qu’ il disait. Je voudrais dire ici qu’ aucun des chefs de la rébellion qui endeuille le pays n’ a jamais mis les pieds sur un front de guerre, ni conduit une troupe au cours d’ un combat.

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Le seul qui a eu le courage de participer à un combat à la tête d’ une unité de 227 personnes (tous des gamins de 12 à 15 ans) a été abattu par les FANCI le jeudi 17 octobre 2002 à M’ Bahiakro et son unité a été totalement anéantie. Il s’ agit d’ Inza Karamoko.

Après cette guerre, le monde entier constatera le désastre. Cela dit, je voudrais situer les choses que je vais dire à 11 niveaux:

La préparation de l’ attaque; Le recrutement; Les raisons de l’ attaque; Les personnalités qu’ il fallait tuer; La mort de Balla Kéita;

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Les commanditaires du coup; Les complicités internes et externes; L’ élimination systématique des gendarmes; Le but assigné au MPIGO et au MJP; La mission de l’ escadron de la mort et des médias étrangers; Le rôle de la France et des multinationales françaises.

Beaucoup de choses ont été dites sur l’ attaque du 19 septembre 2002. Certaines de ces choses sont vraies, et d’ autres sont très loin de la vérité.

Il a fallu que je sois au Burkina Faso du mardi 16 janvier 2001 au lundi 16 septembre 2002 pour comprendre à quel point la Côte d’ Ivoire était haïe par les pays qui l’ entourent. J’ y reviendrai dans le point 7. 1. – La préparation de l’ attaque.

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A mon arrivée à Somgandé au Burkina le 16 janvier 2001, le noyau qui devrait diriger les opérations était déjà constitué; il s’ agissait de Tuo Fozié, Massemba Koné, Omar Diarrassouba, Iréné Kablan et Souleyman Diomandé. Il s’ agit là de la phase 1. 2. – La deuxième phase a consisté à recruter

C’ est IB qui a été chargé de cette tâche, aidé par trois officiers burkinabè qui agissaient pour le compte de leur pays. Le recrutement a été fait dans trois pays: le Liberia, la Sierra Leone et le Burkina Faso.

Ainsi, au total, ce sont 417 personnes qui ont été recrutées en deux mois, dont 288 Burkinabè (125) soldats de l’ armée burkinabé et 163 repris de justice libérés des prisons et conduits au camp de formation de Pô.

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Quant aux Ivoiriens qui ont participé à l’ attaque, il a suffi de leur expliquer ce qui suit: 3. – Les raisons de l’ attaque

Il y a trois raisons essentielles à l’ attaque du 19 septembre.

– Il fallait sauver les peuples du Nord, et principalement les Dioulas, du génocide que préparait le Président Gbagbo.

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– Pour convaincre chacun de cette idée, une photo couleur agrandie était accrochée dans toutes les chambres des villas de Somgandé et une autre (petite) était dans les poches de toutes les recrues, de sorte que chacun se disait qu’ il avait une mission noble à accomplir en faisant la guerre en Côte d’ Ivoire. Il s’ agissait de sauver tout un peuple menacé d’ extermination totale par un régime supposé génocidaire.

– Il fallait ensuite permettre aux Burkinabè résidant en Côte d’ Ivoire d’ avoir les mêmes droits que les Ivoiriens et de participer à toutes les prises de décisions concernant l’ avenir du pays.

Pour convaincre les Burkinabè de ce que les Ivoiriens partisans du régime étaient en train de massacrer leurs compatriotes, le journal Sidwaya a utilisé les mêmes photos du charnier de Yopougon qu’ il a présenté comme étant constitué de ressortissants burkinabés.

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Cela a provoqué une grande colère et a facilité le recrutement des Burkinabè avec l’ accord des autorités burkinabè.

Pour que ce qui précède puisse se réaliser, il fallait éliminer systématiquement un certain nombre de personnalités politiques et militaires et permettre ainsi, par la chute du gouvernement, l’ installation d’ un nordiste à la tête de l’ Etat et en l’ occurrence M. Alassane Ouattara, après 6 mois de transition au cours de laquelle, par l’ usage de la terreur, toutes les personnes gênantes devraient être soit exécutées soit forcées à l’ exil. 4. – Les personnalités politiques et militaires qu’ il fallait tuer

Je reviendrai de façon détaillée sur un certain nombre de choses dans le point 6, mais il faut dire que si le coup d’ Etat avait réussi, il n’ y aurait aujourd’ hui d’ hommes politiques en Côte d’ Ivoire que ceux venant du RDR tant la liste des personnes qu’ il fallait exécuter était longue.

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Je ne pourrai donc pas donner la composition de cette liste de façon exhaustive mais voici quelques- uns des noms. 1. Emile Boga Doudou (à la demande de Blaise Compaoré); 2. Doué Mathias; 3. Touvoli- Bi; 4. Lida Kouassi; 5. Henri Konan Bédié; 6. Emile Constant Bombet; (l’ ancien ministre); 7. Blé Goudé Charles; 8. Tapé Koulou (à la demande de Shérif Ousmane); 9. Mamadou Koulibaly; 10. Guéi Robert (à la demande d’ Alassane Ouattara).

C’ est ce dernier nom, celui du général, ajouté à la demande de Alassane Ouattara qui a changé tout et donc a précipité les choses car, on ne sait trop comment cela s’ est passé mais quelqu’ un a filé l’ information à M. Balla Kéita qui suivait le déroulement des préparatifs pour le compte du général. 5. – La mort de Balla Kéita

M. Balla Kéita a été envoyé au Burkina Faso par le général Guéi pour suivre l’ évolution des préparatifs pour son compte.

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A son arrivée au Burkina, M. Balla devrait avoir ses appartements à Somgandé, mais pour éviter les soupçons, Blaise Compaoré a décidé de le loger personnellement. Cette démarche n’ a pas beaucoup plu au Général qui soupçonnait un mauvais coup de la part d’ Alassane, mais on a su le convaincre. En réalité, si on avait éloigné Balla Kéita, c’ était pour qu’ il ne soit pas au courant de certains détails, tels que la composition de la liste.

Ainsi, lorsqu’ il s’ est agi de dresser la liste, le Général n’ a eu son mot à dire que sur le sort du Président Gbagbo, car l’ informateur qui se trouvait à la Présidence avait prévenu que le Président devait s’ absenter dans le courant de la 3e semaine du mois de septembre 2002.

Le Général a donc conseillé que le coup se fasse en son absence, car cela permettrait d’ épargner sa vie et donc d’ éviter un certain nombre de difficultés inutiles. Mais le Général ne savait pas qu’ il était lui- même sur la liste; normal, car le coup devait être fait pour lui, du moins d’ après ce que M. Ouattara lui avait promis. Ainsi, le Général en qualifiant le Président de boulanger, ignorait que le vrai boulanger était celui à qui il téléphonait 3 fois par jour.

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Lorsque Balla Kéita, on ne sait par quel moyen, avait appris que le nom de son patron était sur la liste des personnes qu’ il fallait exécuter, au lieu d’ informer directement le Général, il a cru bon d’ en parler d’ abord à Blaise Compaoré.

Dès cet instant, il avait signé son arrêt de mort et effectivement, on le retrouvera mort le lendemain. Nous étions alors fin juillet- début août. La difficulté a été dès lors de convaincre le Général que la mort de son agent n’ avait rien à avoir avec un mauvais coup que l’ on préparerait dans son dos.

Une tâche que les autorités burkinabè avec le ministre de la Défense vont réussir à merveille, en retournant les soupçons sur le gouvernement FPI au pouvoir à Abidjan et pour parachever la machination, Fabien Coulibaly qui, à la demande du Général, s’ était rendu au Burkina, avait été chargé d’ assassiner le Général, mais on ne sait pour quelles raisons, il n’ a jamais exécuté son contrat et donc jusqu’ à ce qu’ on déclenche l’ attaque, on ne savait pas si Fabien Coulibaly et le Général avaient un autre plan et dans le doute, pour éviter les problèmes, son nom avait été ajouté sur la liste, de même que celui de tous ceux qui se trouvaient dans l’ environnement immédiat du Général.

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