Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a officialisé la position de la France concernant les revendications de l’opposition ivoirienne portant sur une nouvelle révision de la liste électorale avant la présidentielle prévue en Côte d’Ivoire en octobre 2025.
C’est un véritable camouflet pour l’opposition ivoirienne, qui espérait voir les chancelleries occidentales, notamment la France, peser de tout leur poids pour exiger une révision de la liste électorale. Paris vient de refroidir les ardeurs.
Interpellé à l’Assemblée nationale française, Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères a fermement campé sur une position de non-ingérence, affirmant que la décision de procéder — ou non — à une révision relève strictement des autorités ivoiriennes.
« Nous sommes liés à la Côte d’Ivoire par un partenariat ancien, dense et dynamique. Nous soutenons tous les efforts en faveur d’un processus électoral inclusif, transparent et apaisé. Nous entretenons un dialogue avec toutes les forces politiques et la société civile de ce pays », a déclaré Jean-Noël Barrot, dans une intervention empreinte de diplomatie.
Quant à la révision de la liste électorale, la décision d’y procéder relève de la responsabilité des institutions ivoiriennes
Mais sa position était plus limpide quant aux exigences d’une nouvelle révision de la liste électorale avant la tenue du scrutin : « Quant à la révision de la liste électorale, la décision d’y procéder relève de la responsabilité des institutions ivoiriennes. ». Le chef de la diplomatie française réagissait à une question orale du député Aurélien Taché, membre de La France insoumise. Ce dernier s’inquiétait de la situation politique en Côte d’Ivoire à quelques mois d’un scrutin jugé crucial pour l’avenir démocratique du pays.
La position de la CEI
Sur la possibilité d’une révision de la liste électorale avant le scrutin, la Commission électorale indépendante (CEI) s’est maintes fois prononcée : elle juge cette option impossible, évoquant des contraintes de calendrier. Une position également défendue par le RHDP, le parti au pouvoir ainsi que le gouvernement. « Je n’ai pas d’avis personnel à donner. Nous sommes dans un pays organisé, avec des institutions en place. C’est la CEI qui est chargée de la révision de la liste électorale et c’est à elle de se prononcer. C’est une commission indépendante, et le gouvernement n’a pas à lui dicter ce qu’elle doit faire », déclarait Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement le 26 février dernier.
Un coup dur
Un coup dur pour une opposition qui voit dans cette liste électorale l’un des points clés de la bataille pour des élections crédibles. L’opposition, dans son ensemble, rejette la liste électorale en l’état actuel, au motif qu’elle contiendrait de graves irrégularités. Au-delà de la crédibilité du fichier, elle réclame un audit et une nouvelle révision qui permettrait, selon elle, à plus de cinq millions d’Ivoiriens en âge de voter, mais non inscrits, de s’enregistrer.
Cette révision pourrait aussi offrir une nouvelle chance à Tidjane Thiam, candidat désigné du PDCI-RDA, de figurer sur la liste. L’ancien CEO du Crédit Suisse a été exclu du fichier à la suite d’une décision de justice, dans le cadre du contentieux de la liste électorale provisoire. La juge administrative avait donné raison aux plaignants, estimant que M. Thiam ne disposait pas exclusivement de la nationalité ivoirienne au moment de son inscription en 2022.
Outre le président du PDCI-RDA, d’autres figures majeures de l’opposition — telles que Laurent Gbagbo (PPA-CI), Charles Blé Goudé (COJEP) et Guillaume Soro (GPS) — sont également écartées du processus électoral en raison de décisions judiciaires les privant de leurs droits civiques.
Un contexte politique tendu
Alors que l’opposition réclame leur réintégration ainsi que l’instauration de conditions garantissant la tenue d’un scrutin transparent, apaisé et crédible, le pouvoir, lui, appelle chacun à se conformer à la loi et à se préparer au vote.
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« Nous demandons aux autres de se conformer à la loi et de se préparer à aller aux élections », a déclaré Kobenan Kouassi Adjoumani lors d’une réunion du RHDP, mercredi. Contrairement aux mises en garde de l’opposition, le parti présidentiel assure que le scrutin se déroulera dans le calme, comme annoncé par le président Alassane Ouattara, et dans le respect des délais constitutionnels.
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