Au Bénin, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) multiplie les attaques meurtrières dans la région. La dernière attaque en date a fait 54 morts dans le rang des soldats béninois selon les chiffres officiels. Face à l’ampleur des dégâts causés par ce groupe terroriste, la question de ses réelles motivations est de plus en plus débattue. Dr Abdel-Aziz Mossi, enseignant à l’université de Parakou et spécialiste des questions liées à la radicalisation et à l’extrémisme violent, partage son opinion sur la question.
Selon le spécialiste des questions liées à la radicalisation et à l’extrémisme violent, le JNIM multiplie les attaques au nord dans le but de « contrôler les communautés qui sont dans cet espace, mais aussi contrôler l’espace géographique pour avoir la possibilité de se mouvoir comme ils peuvent le faire et puis traverser le territoire béninois pour se retrouver du côté du Nigeria ou même du Togo ».
Le JNIM cherche un ancrage local au niveau du nord Bénin depuis quelques années avec des attaques surprises qui sont perpétrées depuis environ 5 ans. Depuis 2024, il ne se passe pas un mois sans que le territoire béninois ne soit attaqué par ce groupe extrémiste violent.
Abdel-Aziz Mossi
Pour Dr Abdel-Aziz Mossi, qui s’est prêté aux questions de RFI, « le JNIM est dans une stratégie de ‘contrôler sans gouverner’ ». Il explique que ce groupe djihadiste ne veut pas forcément créer un État qu’il va gouverner, mais son objectif est d’avoir la mainmise sur un espace où il assure « le contrôle total sur le territoire mais aussi sur les populations pour pouvoir mener des attaques dans les autres pays comme le Burkina Faso et le Niger ».
Il assure que le JNIM ne possède encore aucune base permanente sur le territoire béninois. Mais comment arrive-t-il à mener des attaques surprises qui endeuillent tout un peuple ?
À ce jour, le JNIM ne possède pas de base permanente sur le territoire béninois. Cette information a été donnée par les autorités sécuritaires et confirmée par le spécialiste des questions liées à la radicalisation et à l’extrémisme violent.
Mais si le groupe terroriste n’a pas de bases, comment fait-il pour mener des attaques surprises qui endeuillent tout un peuple ? Selon le spécialiste, il est vrai que le JNIM est sans base au Bénin, mais cela ne veut pas dire qu’il n’est pas plus ou moins permanent sur le territoire. « Pour mener des attaques, il faut avoir des attaches, il faut avoir des personnes ressources locales qui sont positionnées de manière permanente, qui fournissent des informations et qui étudient également le mouvement de l’armée dans cette zone-là », a-t-il indiqué.
Les assaillants viennent souvent des pays voisins, mais ils ont quand même des points d’attache au niveau des communautés locales qui leur fournissent des informations.
Échec de l’opération Mirador ?
Depuis quelques années, le Bénin a lancé une opération militaire dénommée Mirador dans le nord pour lutter contre le terrorisme. Mais les dernières attaques suscitent des interrogations quant à l’efficacité de cette opération. Selon Dr Abdel-Aziz Mossi, il y a des « faiblesses dans l’organisation et le positionnement de l’armée dans cet espace (nord Bénin) ». Il fait également savoir que la multiplication des attaques violentes montre qu’il y a des « failles dans la stratégie nationale en matière de lutte contre l’extrémisme violent ».
Il évoque également « la méconnaissance du terrain et la faible collaboration avec les communautés locales malgré les efforts de l’État et des organisations de la société civile ». Abdel-Aziz Mossi explique que ce manque de collaboration entre l’armée et les communautés locales peut être imputé à certains agissements de l’armée, comme les arrestations et les emprisonnements abusifs
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