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1 mois agoon
Le Burkina Faso se prépare à une transformation majeure dans la gestion de ses ressources naturelles. Le président Ibrahim Traoré a annoncé, le samedi 5 octobre 2024, la possibilité de révoquer les permis d’exploitation minière détenus par plusieurs sociétés étrangères, une décision qui pourrait bouleverser le secteur de l’or, pierre angulaire de l’économie burkinabé. Parmi les entreprises visées figurent des géants de l’industrie tels qu’Endeavour Mining (Royaume-Uni), West African Resources (Australie), Nordgold (Russie) et Orezone Gold Corporation (Canada).
Lors de sa déclaration, le président Traoré a laissé entendre que le Burkina Faso dispose des compétences nécessaires pour exploiter son propre or, et qu’il n’est plus question de laisser des multinationales s’enrichir sur le dos des ressources nationales. « Nous savons comment extraire notre or et je ne comprends pas pourquoi nous allons laisser les multinationales venir l’exploiter. En fait, nous allons retirer les permis miniers », a-t-il affirmé sans toutefois nommer les entreprises concernées.
Cette initiative marque une nouvelle étape dans la stratégie du Burkina Faso pour reprendre le contrôle de son économie, une démarche qui s’inscrit dans un contexte plus large de rejet de l’influence occidentale. Depuis plusieurs mois, le pays cherche à renforcer son indépendance, tant sur le plan économique que politique, notamment à travers des réformes visant à exclure les acteurs étrangers de secteurs clés.
Un tournant historique pour le secteur minier
Le Burkina Faso, quatrième producteur d’or en Afrique, a longtemps compté sur les investissements étrangers pour exploiter ses gisements aurifères. Cependant, cette dépendance a souvent été signalée, tant par la population que par les acteurs politiques, qui accusent les multinationales de profiter de la faiblesse des structures étatiques pour s’emparer d’une partie disproportionnée des richesses nationales.
Cette réorientation radicale du secteur minier soulève toutefois des interrogatoires. Comment le pays compte-t-il remplacer les compétences techniques et les capitaux apportés par ces sociétés étrangères ? Des investissements publics suffisants ont-ils été prévus pour soutenir la transition vers des exploitations entièrement nationales ? Des experts estiment que le Burkina Faso devra faire face à de nombreux défis techniques et financiers dans cette nouvelle phase, bien que l’ambition d’autonomie soit clairement affichée.
Un contexte politique tumultueux
Cette décision du président Traoré intervient dans un climat politique tendu, marqué par deux coups d’État en 2022. Le premier, en janvier, a vu la chute du président Roch Marc Christian Kaboré, renversé par des mutins dirigés par le lieutenant-colonel Paul -Henri Sandaogo Damiba. Huit mois plus tard, en septembre, le capitaine Ibrahim Traoré prend le pouvoir à son tour, arguant de l’échec de Damiba à stabiliser la situation sécuritaire dans un pays en proie à une recrudescence des attaques jihadistes.
Depuis son arrivée à la tête de l’État, le capitaine Traoré n’a cessé de remettre en question les partenariats historiques du Burkina Faso avec l’Occident, en particulier la France, ancienne puissance coloniale. Dans cette optique, le contrôle des ressources naturelles et leur exploitation par des entreprises nationales apparaît comme un levier essentiel pour renforcer la souveraineté du pays.
Un pari risqué mais porteur d’espoir
En cherchant à expulser les sociétés minières étrangères, Ibrahim Traoré veut envoyer un signal fort : le Burkina Faso entend désormais gérer ses ressources sans ingérence extérieure. Ce pari, audacieux et risqué, pourrait soit renforcer l’économie nationale, soit la fragiliser si les capacités locales ne sont pas à la hauteur des attentes. Toutefois, pour une population qui voit dans cette initiative un acte d’affirmation nationale, il s’agit d’un espoir de voir les richesses du sol burkinabé mieux partagées et profiter davantage aux citoyens.
Il reste à voir si le Burkina Faso réussira à surmonter les défis posés par cette transition. Mais une chose est sûre : le pays semble déterminé à tourner la page d’une exploitation minière largement dominée par des intérêts étrangers, au profit d’un modèle centré sur la souveraineté et le développement national.
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