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Dernière ligne droite : les 9 priorités du gouvernement Mambé avant la présidentielle 2025
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Il y'a 7 heureson
À quelques mois de l’élection présidentielle de 2025, le gouvernement ivoirien s’engage dans une véritable course contre la montre pour relever les défis majeurs auxquels le pays est confronté. Voici un tour d’horizon des neuf grandes missions qui structureront l’action publique dans les mois à venir.
- Maintenir la paix et la sécurité
La première mission sur la feuille de route du gouvernement pour cette année électorale concerne le maintien de la paix, de la sécurité et de la cohésion nationale. Bien que la Côte d’Ivoire ait retrouvé une stabilité relative après une décennie de crises socio-politiques, le pays reste vulnérable aux tensions politiques internes et aux menaces transfrontalières liées au terrorisme.
Pour prévenir tout risque de conflit, le gouvernement entend renforcer ses dispositifs sécuritaires et promouvoir la cohésion sociale. Entre 2012 et 2024, l’indice de sécurité en Côte d’Ivoire est passé de 6,8 en 2012 à 1,2. Le 17 octobre 2024, le Conseil National de Sécurité a annoncé une baisse de 20% de cet indice. Mais certaines zones, notamment dans le nord, demeurent fragiles.
- Renforcer la souveraineté alimentaire
Un autre enjeu majeur est la souveraineté alimentaire. Avec plus de 2 millions d’hectares de terres cultivables et des ressources en eau abondantes, estimées à près de 77 milliards de mètres cubes par an, la Côte d’Ivoire ne produit que 1,2 million de tonnes de riz blanchi par an, pour un besoin évalué à 2 millions de tonnes.
Ce qui rend le pays vulnérable aux fluctuations des prix internationaux. En 2024, le pays est d’ailleurs le plus grand importateur de riz en Afrique, avec des importations estimées à 433,26 milliards de FCFA, selon une analyse publiée par Africa Business Insider.
Avec sa nouvelle Stratégie de Développement de la Filière Riz (SNDR 2), le gouvernement ambitionne faire passer la production locale de riz paddy à 4,16 millions de tonnes d’ici 2027, contre un stock actuel d’environ 1,8 million de tonnes. Parallèlement, la SNDR 2 vise une production de 3,2 millions de tonnes de riz blanchi à l’horizon 2030, contre une offre locale estimée à 1,4 million de tonnes en 2023. Pour y parvenir, l’État entend mobiliser 1,3 milliard $ auprès de ses partenaires, dont la Banque Mondiale.
- Améliorer l’accès aux soins avec la CMU
L’accès aux soins de santé constitue également une priorité, notamment à travers la vulgarisation de la Couverture Maladie Universelle (CMU). Instituée le 24 mars 2024, cette initiative peine encore à atteindre toutes les couches de la population, avec quelque 15 millions de personnes inscrites, soit 51% des Ivoiriens couverts.
Le gouvernement vise une couverture de 70 % d’ici fin 2025, tout en améliorant l’accès aux infrastructures sanitaires dans les zones rurales, souvent négligées. Ainsi, 700 centres de santé de proximité sont en cours de construction dans le cadre d’un projet ambitieux visant à rapprocher davantage les services de santé publics des populations.
Et « en 2025, nous poursuivrons la construction de 9 Hôpitaux généraux, de 4 Centres Hospitaliers Régionaux, du CHU d’Abobo, et l’achèvement du nouvel Institut de Cardiologie de Bouaké », a dit le chef de l’État, le 31 décembre 2024.
- Renforcer la compétitivité et développer les zones industrielles
Le développement économique figure aussi en bonne place dans les priorités. Pour diversifier son économie, trop dépendante du cacao, la Côte d’Ivoire mise sur le renforcement de sa compétitivité et le développement des zones industrielles.
Le vaste projet de la zone industrielle PK24 Akoupé-Zeudji, lancé en 2014 sur une superficie de 1 000 hectares, s’apprête à accueillir 55 entreprises industrielles sur 131 hectares aménagés.
Ces installations devraient générer plus de 10 000 emplois, tout en attirant des investissements directs étrangers estimés à plus de 330 milliards de FCFA. Les premières unités industrielles sont prévues pour entrer en activité d’ici fin 2025.
En 2023, les investissements directs étrangers sont passés de 7 845,9 milliards de FCFA en 2019 à 12 241,8 milliards de FCFA. Les efforts du gouvernement devront aussi s’accompagner d’une réduction des coûts de production et d’un soutien accru aux exportateurs locaux.
- Accélérer les programmes de logements sociaux
Par ailleurs, le logement social est une préoccupation croissante dans un pays où plus de la moitié de la population (52 %) vit en milieu urbain. Face à un déficit estimé à 600 000 logements et qui devrait être de 7 712 000 en 2030 selon les projections de la Banque Mondiale, le gouvernement prévoit de construire 150 000 unités en 2025.
En 2023, moins de 50 % des logements prévus avaient été livrés, un retard que les autorités entendent rattraper dans les deux prochaines années. L’État, en collaboration avec les autorités locales et leurs partenaires privés, redoublent d’efforts pour achever la livraison de 40 000 unités en 2025.
- Éradiquer l’orpaillage clandestin
La lutte contre l’orpaillage clandestin et la protection des forêts classées représentent un autre défi majeur. Avec un couvert forestier qui est passé de 16 millions d’hectares en 1960 à moins de 2,97 millions aujourd’hui, la restauration des écosystèmes est essentielle. Le gouvernement vise une restauration de 20 % du couvert forestier d’ici 2030.
Quant au fléau de l’orpaillage illégal, il continue de ravager de nombreuses localités en Côte d’Ivoire. En 2023, le pays a recensé 1 098 sites illégaux répartis sur 302 localités, abritant près de 24 000 orpailleurs. Ce phénomène entraîne des pertes annuelles colossales de plus de 3 000 milliards FCFA pour l’économie ivoirienne, avec plus de 142 tonnes d’or échappant chaque année au circuit légal.
Ce, dans un contexte ou l’État veut faire passer la contribution du secteur minier à plus de 4% du Produit Intérieur Brut (PIB). En 2023, une baisse de 15 % des activités d’orpaillage clandestin a été enregistrée grâce aux opérations de démantèlement et le gouvernement entend éradiquer ce phénomène.
- Lutte contre l’incivisme routier
Dans le domaine des transports, l’incivisme routier constitue lui aussi un véritable fléau. En 2022, le pays a enregistré 16 790 accidents de la route, témoignant d’une tendance générale à la hausse depuis les années 2000. Le pic a été atteint en 2021 avec 14 084 accidents, causant 1 614 décès et 21 201 blessés, contre 12 874 accidents en 2020. En comparaison, 12 553 accidents avaient été recensés en 2018 et 10 718 en 2016.
En 2023, la moyenne quotidienne a grimpé à 37 accidents par jour, illustrant l’ampleur de ce défi pour la sécurité routière. La Côte d’Ivoire perd ainsi 7% de son Produit intérieur brut (PIB) chaque année, du fait des accidents de la circulation. Les autorités entendent donc réduire ces chiffres de 50 % en 2025 grâce à des campagnes de sensibilisation et à un renforcement des contrôles.
- Promouvoir l’économie circulaire
La promotion de l’économie circulaire fait également partie des priorités. Avec 1,5 million de tonnes de déchets générés chaque année à Abidjan et un faible taux de recyclage (moins de 10 %), la gestion des déchets est un défi majeur.
Le gouvernement vise à recycler 50 % des déchets d’ici 2025, tout en créant des emplois dans cette filière encore sous-développée. Avec l’adoption de la Stratégie nationale intégrée d’économie circulaire, la Côte d’Ivoire ambitionne de devenir un modèle d’économie circulaire d’ici 2027.
- Améliorer l’accès à l’eau potable et l’électricité
Enfin, l’accès universel à l’eau potable et à l’électricité reste un objectif crucial. Actuellement, 20 % de la population rurale n’a pas accès à l’eau potable, tandis que 30 % des ménages ne disposent pas de l’électricité. Le gouvernement ambitionne de porter le taux d’accès à l’électricité à 90 % d’ici 2025, contre 77 % en 2023.
En partenariat avec la Banque mondiale, à travers le Projet d’Appui à la Sécurité de l’Eau et de l’Assainissement (PASEA), le gouvernement ivoirien prévoit la réhabilitation de quatre grands barrages pour créer une capacité de stockage d’eau supplémentaire de 45 millions de m³ et l’installation de 30 nouvelles stations hydrologiques. L’objectif à terme : permettre à plus de 2 millions de personnes, dont la moitié sont des femmes, d’accéder à l’eau potable.
Avec moins de 10 mois avant l’échéance électorale, la réussite de ces neuf objectifs fixés dans la feuille de route 2025 n’est pas seulement une nécessité pour le développement du pays, mais aussi un impératif politique.
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