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Guerre fiscale pour le géant minier, alarme démocratique pour les partis politiques. Barrick Gold est dans la tourmente et les partis politiques, quand eux, sont dans la crainte. Chacun joue sa survie auprès du pouvoir militaire de Bamako. La junte de Bamako fait indubitablement face à deux fronts à coloniser : l’or et la démocratie. Le climat politique et économique au Mali est craintif.
Pendant que la junte militaire multiplie les bras de fer, elle se retrouve à la croisée des chemins avec le géant minier canadien, Barrick Gold, et de plus d’une centaine de partis politiques regroupés pour défendre l’avenir démocratique du pays. Deux crises parallèles qui mettent en lumière les dérives autoritaires et les inquiétudes grandissantes dans un pays déjà fragilisé.
L’affaire de la mine de Gounkoto
Le 15 avril, les autorités maliennes ont procédé à la fermeture des bureaux de Barrick Gold à Bamako, accusant la société de « non-paiement d’impôts ». Le conflit, latent depuis plusieurs mois, porte sur le complexe minier de Loulo-Gounkoto, situé dans l’ouest du Mali. Ce gisement aurifère, l’un des plus riches au monde, est détenu à 80 % par Barrick Gold et à 20 % par l’État malien.
Depuis la révision du code minier en 2023, le gouvernement exige des centaines de millions de dollars au groupe canadien. Une décision que ce dernier conteste, l’accusant de vouloir appliquer cette nouvelle législation de manière rétroactive. Barrick affirme avoir déjà versé 85 millions de dollars en octobre dans le cadre d’un accord négocié, mais qui n’a jamais été formellement signé par les autorités.
Dans un communiqué anachronique, l’entreprise a dénoncé les menaces de mise sous administration provisoire de sa mine, accusant « un petit groupe d’individus » de faire obstacle à la signature de l’accord pour des raisons politiques ou personnelles. De son côté, Bamako semble déterminée à affirmer sa souveraineté économique face aux multinationales.
Les partis politiques en mode survie
Sur le plan politique, la contestation gronde également. À la veille des consultations nationales lancées par la junte pour revoir la Charte des partis politiques, plus de cent formations ont uni leurs forces sous la bannière de l’Initiative des partis politiques pour la charte (IPAC). Leur objectif : s’opposer à une démarche jugée incohérente et menaçante.
Les membres de l’IPAC dénoncent une manœuvre visant à remettre en cause le processus entamé fin 2024, à l’issue des Assises nationales de la Refondation (ANR). Ces travaux avaient permis d’élaborer un document consensuel sur l’avenir du pluralisme politique au Mali, incluant la réduction du nombre de partis, la lutte contre le nomadisme politique, et la reconnaissance du chef de l’opposition.
En relançant aujourd’hui des consultations élargies à d’autres acteurs, notamment les Maliens de la diaspora, la junte semble balayer d’un revers de main les résolutions antérieures. Ce revirement inquiète les partis, qui redoutent une tentative déguisée de dissolution, à l’image de ce qui s’est produit récemment au Burkina Faso et au Niger.
Un front uni contre la dérive autoritaire
Les leaders politiques ne mâchent pas leurs mots. Oumar Ibrahima Touré, ancien ministre et porte-parole des 101 partis signataires d’une déclaration commune, évoque une volonté manifeste de supprimer les formations politiques. Alhassane Bah, secrétaire général de la CODEM, va plus loin, comparant la situation actuelle à celle de 1991, lorsqu’une forte mobilisation populaire avait mis fin au régime du général Moussa Traoré.
Les partis rappellent que le Mali, contrairement à ses voisins, dispose encore d’une Constitution en vigueur, adoptée en 2023. Celle-ci garantit la liberté d’association politique via son article 39. C’est sur cette base qu’ils demandent le report immédiat des consultations et une audience urgente avec le Premier ministre de transition, le général Abdoulaye Maïga.
Entre bras de fer fiscal avec les investisseurs étrangers et crise de confiance avec la classe politique, la junte malienne avance en terrain miné. À trop vouloir contrôler, elle risque de fragiliser davantage un pays déjà secoué par l’instabilité sécuritaire, sociale et économique.
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