Billaud Daniel, cadre du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), a exprimé son désaccord quant aux propos tenus par Charles Blé Goudé qui a déclaré qu’il faut que les aînés acceptent de passer la main.
En Côte d’Ivoire, la question du renouvellement de la classe politique continue de faire débat, particulièrement à l’approche de l’élection présidentielle de 2025. Dernièrement, c’est Charles Blé Goudé, ancien ministre de Laurent Gbagbo et actuel leader du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep), qui a relancé le sujet en appelant publiquement les anciens présidents Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara à se retirer de la scène politique. Blé Goudé, en pleine tournée européenne, a exprimé cette volonté lors d’une interview sur la chaîne France 24, estimant qu’il était temps de « tourner la page » pour laisser place à une nouvelle génération de dirigeants.
Face au journaliste Marc Perelman, Blé Goudé a précisé la nécessité pour ses aînés de céder leur place : « J’ai toujours souligné qu’il faut tourner la page de nos aînés. Il faut qu’ils acceptent de passer la main », a-t-il affirmé. Selon lui, la jeunesse ivoirienne, tout en respectant les figures emblématiques de la politique, doit pouvoir participer plus activement et préparer l’avenir de manière indépendante des générations précédentes. Son discours vise une transition générationnelle, répondant aux enjeux contemporains et aux aspirations de nombreux jeunes Ivoiriens.
Une réaction ferme de Billaud Daniel, cadre du PPA-CI
Cependant, cette déclaration n’a pas été bien accueillie par certains partisans de Laurent Gbagbo, notamment Billaud Daniel, un cadre du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI). Dans un entretien avec le média Linfodrome, Billaud Daniel a exprimé son désaccord en des termes fermes, estimant que le débat autour d’une « nouvelle génération » politique n’a pas lieu d’être.
« La nouvelle génération ne se décrète pas », a-t-il affirmé. Pour lui, le souhait de Blé Goudé est inapproprié et même irrespectueux. Il compare cette demande à celle d’un héritier souhaitant la succession de son vivant. « Si on souhaite l’avènement d’une nouvelle génération, c’est comme vouloir hériter du père de son vivant. Or, on ne parle d’héritage qu’après la mort du géniteur », at-il expliqué, rappelant que Blé Goudé, n’étant pas membre du PPA-CI, n’a pas la légitimité pour demander le retrait de Laurent Gbagbo .
Le poids des figures historiques dans la politique ivoirienne
Billaud Daniel a également souligné l’attachement des partisans de Gbagbo à leur leader, qui incarne pour eux non seulement l’avenir du PPA-CI mais aussi celui d’une Côte d’Ivoire souveraine et indépendante.
« Au PPA-CI, tous les militants disent que leur candidat c’est le président Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, au niveau du RHDP, tous les gens de la nouvelle génération disent que leur candidat c’est le président Alassane Ouattara », a-t-il rappelé, critiquant le fait qu’une personnalité extérieure aux deux partis peut exiger un changement de direction.
Pour Billaud, la question de la relève générationnelle doit se faire naturellement et au rythme des parties concernées. « Pour nous, ce débat est sans objet. Nous avons une voie, et cette voie, c’est le président Laurent Gbagbo, qui se bat pour préparer la nouvelle génération », conclut-il, indiquant que le PPA-CI, avec Gbagbo à sa tête, prépare activement le futur tout en restant fidèle à son leader historique.
Une question de génération ou de vision politique ?
Ce débat révèle le clivage entre deux visions : celle de Blé Goudé, qui défend une rupture nette avec les figures historiques, et celle des cadres du PPA-CI et du RHDP, qui estime que la relève générationnelle ne doit pas exclure l’expérience et l’influence des leaders actuels. L’appel de Blé Goudé reflète un désir de changement chez certains jeunes Ivoiriens, tandis que la réponse de Billaud Daniel souligne l’importance de la continuité et de l’héritage politique.
À quelques mois de la présidentielle de 2025, ce débat pourrait marquer un tournant dans la politique ivoirienne. Alors que la jeunesse aspire à un rôle plus affirmé, le respect des figures historiques reste un pilier essentiel pour de nombreux partisans des partis en place. Il reste à voir si les dirigeants actuels se montreront sensibles aux appels au renouvellement ou s’ils continueront de porter les espoirs de leurs fidèles électeurs pour un futur encore incertain.
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