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Affoussiata Bamba-Lamine à propos du 19 septembre 2002 : « Je pense à ceux qui ont cru naïvement qu’ils se battaient pour la justice »

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20 ans après avoir déclenché l’insurrection armée qui a contribué à l’ascension d’Alassane Ouattara au pouvoir d’Etat alors qu’il était totalement écarté du jeu politique par un mandat d’arrêt et un doute sur sa citoyenneté ivoirienne, les acteurs de la rébellion du 19 septembre 2002 expriment leurs regrets quant à la suite donnée par celui-ci à leur lutte.

Dans un témoignage-souvenir sur le coup d’Etat manqué du 19 septembre 2002 contre le pouvoir de Laurent Gbagbo qui s’est par la suite mué en rébellion, Affoussiata Bamba-Lamine, ex-porte-parole des Forces nouvelles (FN) dit ses regrets de voir leur lutte détournée de ses objectifs, 20 ans après. « En réalité, quand on regarde, 2002-2022, donc 20 ans après, on se rend compte qu’on a mené le juste combat, mais pour la mauvaise raison et pour la mauvaise personne », s’est exprimée l’ex-porte-parole de la rébellion.

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L’avocate proche de Guillaume Soro continue dans l’expression du regret d’un combat qu’elle pense être détourné de son sens en affirmant que « le 19 septembre, c’est ce que ce à quoi ça me renvoie mais avec beaucoup de blessures au cœur. Mais parce que je pense à tout ce qui s’est passé, à tous ceux qui ont cru naïvement qu’ils se battaient pour la justice ; à tous les morts qu’il y a eu ». 20 ans après, voilà à quoi se résume le sentiment qui anime les acteurs de ce soulèvement, à en croire l’ex-porte-parole de la rébellion de l’époque.

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Pour rappel, dans la nuit du mercredi 18 septembre au jeudi 19 septembre 2002, les Abidjanais sont réveillés par le chant des canons. Dès premières heures de la matinée du jeudi 19 septembre, nous apprenions qu’il était question d’une tentative de renversement du pouvoir de Laurent Gbagbo qui se trouvait à Rome en Italie. Le président de la République rentrera précipitamment pour organiser la riposte et protéger son pouvoir. Après l’échec du coup d’Etat, Tuo Fozié, Chérif Ousmane, Fofié Kouakou, Issiaka Ouattara dit Watao, Touré Hervé dit Vétcho et leurs camarades se replieront dans le nord du pays en y installant leurs bases à Bouaké comme la capitale des insurgés.

Le coup d’Etat contre Laurent Gbagbo se transformera en rébellion. Les rebelles s’organisent depuis Bouaké où ils ont installé leur quartier général pour à la conquête d’autres localités du pays. C’est ainsi que d’autres villes plus au centre-ouest et une grande partie de l’ouest du pays tomberont dans les mains des insurgés qui se sont entre-temps baptisés Forces Nouvelles (FN). Pendant que les militaires continuent de réaliser des percées sur le terrain militaire, l’aile politique se met en place. Elle est dirigée par Guillaume Soro, ancien secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci).

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L’ancien leader estudiantin est accompagné par de nombreux civils dont l’avocate Affoussiata Bamba-Lamine comme porte-parole du mouvement. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), l’Union africaine (UA), l’Organisation des Nations Unies (ONU) et toute la communauté internationale se mobiliseront pour mettre fin à la symphonie des canons et emmener les acteurs à la table des discussions. A la suite de nombreuses négociations et d’accords, la principale revendication de la rébellion, à savoir l’organisation d’élections inclusives est obtenue avec le retour d’Alassane Ouattara dans le jeu politique.

Candidat à la présidentielle de 2010, l’ancien fonctionnaire du FMI est déclaré vainqueur par la Commission Electorale Indépendante (CEI) quand le Conseil constitutionnel, lui, avait déclaré son adversaire, Laurent Gbagbo élu. Une autre crise intervient à l’issue de ces élections censées conduire à la sortie de crise. Les Forces nouvelles, dans la foulée de la déclaration d’Alassane Ouattara vainqueur par la CEI lui feront allégeance et engageront leurs soldats pour que celui-ci exerce l’effectivité du pouvoir. L’engagement des soldats des FN suivi du ralliement d’une bonne partie des Forces armées de Côte d’Ivoire (Fanci) permettra d’installer Alassane Ouattara au palais présidentiel.

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Lors de son investiture à Yamoussoukro le 21 mai 2011, le chef de l’Etat s’engagera à être le président de tous les Ivoiriens, à œuvrer pour la réconciliation nationale et à ne surtout pas faire obstacle à l’alternance démocratique. 20 ans après, Alassane Ouattara qui a foulé au pied la Constitution et toutes les contestations pour se tailler un troisième mandat au-delà de la limite fixée par l’article 183 de la loi fondamentale, semble avoir mis son engagement pour la réconciliation et son serment d’être le président de tous les Ivoiriens au placard. Le quotidien de la Côte d’Ivoire sous celui pour qui des jeunes gens ont pris les armes contre la mère patrie rime avec les violations de libertés en tout genre.

Des opposants contraints à l’exil, de nombreux prisonniers politiques sans jugements pour la plupart croupissent en prison depuis plusieurs années, les organisations de la société civile bâillonnées, des élections non inclusives, sont entre autres les raisons qui poussent les acteurs de la rébellion du 19 septembre 2002 a regretté leur action.

20 ans après, celui qui a porté sur ses épaules la responsabilité de cette rébellion se trouve contraint à l’exil et condamné à de lourdes peines de prison pour avoir dénoncé le mauvais virage emprunté par celui qui a bénéficié de la rébellion des Forces nouvelles pour revenir dans le jeu politique et être installé au palais présidentiel.

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