Personnellement accusée de détournement de fonds à hauteur de 516 millions FCFA, la directrice générale de l’Autorité de régulation des télécommunications de Côte d’Ivoire a pris une décision des plus surprenantes avec la mise à l’écart de quatre cadres de l’entreprise.
Alors que l’Autorité de régulation des télécommunications de Côte d’Ivoire (Artci) vit désormais au rythme d’autres scandales de détournement après celui qui a abouti au débarquement de Bilé Diéméléou de la tête de cette entreprise étatique, Namahoua Bamba Touré, sa directrice générale a décidé de suspendre quatre responsables pour nécessité d’enquête.
Ce sont Sy Douai Benoit, directeur de cabinet de la directrice générale ; Diamala Kouassi Raphaël, directeur des moyens généraux et des ressources humaines ; Diakité Aïcha, directrice du contrôle de gestion et de la conformité et Blafond Estelle, directrice des affaires juridiques, que Namahoua Touré met à la touche pour, selon elle, « la nécessité de mener des enquêtes de la manière la plus appropriée ».
« J’informe l’ensemble du personnel qu’en raison des faits graves révélés contre certains directeurs, et la nécessité de mener des enquêtes de la manière la plus appropriée, j’ai pris la mesure conservatoire d’administration et de gestion à leur endroit », a indiqué Namahoua Bamba Touré. Tout en précisant qu’il « ne s’agit pas de sanction, mais de mise à l’écart de l’Artci » des mis en cause, la directrice générale de la structure a indiqué que ces derniers, bien que leurs salaires soient maintenus, n’auront pas accès à leur bureau, tout comme leurs ordinateurs.
Ils verront par ailleurs leur accès aux comptes de messagerie et réseaux sociaux suspendus. Autre mesure, il est fait obligation aux personnes concernées par cette mesure « de rester joignables pendant les heures de travail ». Durant cette période de mise à l’écart pour nécessité d’enquête, leur intérim sera respectivement assuré par Koffi Aubin, N’Dakon Aline, Logbo Yves et Adou Joséphine. Telle est la décision conservatoire prise par le successeur de Bilé Diéméléou face au scandale de détournement de 516 millions F CFA qui secoue l’Autorité de régulation des télécommunications de Côte d’Ivoire.
Dans un autre contexte, l’on aurait trouvé cette décision salutaire et aurait même félicité son initiatrice pour son acte en faveur de la bonne gouvernance. Sauf qu’ici, le contexte est particulier et il suscite plutôt de l’étonnement plus que l’admiration. Citée comme actrice principale de ce scandale de détournement, Namahoua Bamba Touré a-t-elle, en ce moment précis la légitimité de prendre une telle décision ? Si tant est qu’elle a décidé de faire la lumière sur cette affaire qui jette une fois de plus l’opprobre sur l’Artci, pourquoi ne se met-elle pas également à la disposition des enquêteurs comme elle le souhaite de ses collaborateurs ? L’attitude de la directrice générale de l’Artci ressemble plus à celle de quelqu’un qui a décidé de faire sauter les petits fusibles qu’à celle de quelqu’un qui désire réellement faire la lumière sur ce scandale de 516 millions F CFA.
En tout état de cause, les regards des Ivoiriens sont désormais tournés vers Alassane Ouattara et son ministre de la Lutte contre la corruption. Eux qui, depuis plus d’un an, tarde à donner une suite à l’opération mains propres qu’ils ont initiée, pour disent-ils, la moralisation de la vie publique. Cette opération, rappelons-le, avait abouti à la destitution de plusieurs dirigeants d’entreprises publiques, pour la plupart des cadres du parti présidentiel.
Débarqués pour des soupçons de mauvaises gestions, Lanciné Diaby, Bilé Diéméléou, Soro Euloge-Kipeya et les autres n’ont jamais été appelés à s’expliquer sur les faits graves qui leur sont reprochés. Nombreux sont les Ivoiriens qui pensent que c’est justement l’absence d’action contre ces personnalités qui encouragent leurs successeurs à continuer sur la même lancée.
Générations Nouvelles
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