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L’opposition ivoirienne exige la dissolution de la CEI, tout en y siégeant. Entre contestation et compromission, sa stratégie trouble brouille son message et interroge sur sa réelle cohérence politique. Chronique
L’opposition ivoirienne semble prise au piège de ses propres contradictions. Depuis plusieurs années, elle dénonce la Commission Électorale Indépendante (CEI), qu’elle juge inféodée au pouvoir.
Pourtant, elle continue de siéger en son sein, oscillant entre contestation et participation, sans jamais réellement assumer une ligne claire.
Double jeu
La dernière sortie du PPA-CI illustre parfaitement ce paradoxe. Lors d’une conférence de presse le 19 février 2025, l’ancien ministre Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du parti de Laurent Gbagbo, a exigé la dissolution pure et simple de la CEI, la qualifiant de « réel danger pour la paix en Côte d’Ivoire ».
Une déclaration forte, qui aurait pu marquer une rupture nette avec l’institution. Mais à la question de savoir si le PPA-CI allait retirer son représentant de cette même CEI, la réponse est sans appel : non.
« Retirer notre représentant ne résout pas la question de la RLE », argue Dano Djédjé.
Autrement dit, l’opposition rejette la CEI, mais pas au point de s’en exclure elle-même. Un double jeu qui n’est pas nouveau.
En janvier 2021, après avoir boycotté la CEI pendant plusieurs mois, le PDCI de Henri Konan Bédié avait finalement rejoint la commission centrale de l’organe électoral.
Cette décision, prise après des discussions avec le gouvernement, marquait un retour dans le jeu institutionnel après une présidentielle chaotique ayant causé officiellement 87 morts et 484 blessés.
L’argument avancé par les cadres du PDCI à l’époque était clair : il est « difficile de faire la politique de la chaise vide ». Mais alors, pourquoi exiger aujourd’hui la dissolution d’une instance dans laquelle on continue de siéger ?
La réforme de la CEI en novembre 2022 avait pourtant permis au PPA-CI d’obtenir une place au sein de la Commission centrale, une avancée considérée à l’époque comme une victoire pour l’opposition. Or, presque deux et demi plus tard, le même parti remet en cause la légitimité de l’organe électoral, tout en y restant représenté.
L’opposition prisonnière d’un dilemme insoluble
Ce manque de cohérence nuit à la crédibilité de l’opposition. Certes, les chiffres avancés par l’ancien ministre Hubert Oulaye sont préoccupants : 16 des 18 membres de la CEI seraient liés au parti au pouvoir.
Mais si la composition de l’organe est réellement aussi déséquilibrée, pourquoi continuer à y siéger ? L’opposition peut-elle être à la fois juge et partie d’un système qu’elle dénonce ?
À force de tergiversations, l’opposition ivoirienne envoie un message confus à ses militants. Elle semble prisonnière d’un dilemme insoluble : participer au processus électoral pour ne pas disparaître politiquement, tout en dénonçant un système dont elle reste, malgré tout, un rouage.
Une stratégie qui brouille son discours et affaiblit sa position face au pouvoir. En politique, l’indignation sélective et les postures ambiguës finissent toujours par se payer.
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