Contrairement à ce qui circule, Laurent Gbagbo n’a pas attaqué directement Tidjane Thiam sur sa double nationalité. Son discours visait plutôt la question plus large de la transparence des listes électorales.
L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo domine l’actualité politique ivoirienne au lendemain de son meeting à Marcory, le samedi 8 février 2025, où il a, une fois de plus, dénoncé la présence d’étrangers sur la liste électorale.
La coïncidence avec la situation du président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, dont la double nationalité fait l’objet d’une vive polémique, alimente les spéculations. Pour de nombreux observateurs, Gbagbo l’aurait directement visé, dans un contexte où l’opposition est appelée à s’unir en vue des prochaines élections. Cette interprétation est-elle justifiée ?
« Des femmes qui ont 500 enfants »
S’attaquant à la fraude sur la nationalité ivoirienne, Laurent Gbagbo exhortait dans son discours à « créer les conditions d’une élection juste, transparente et sans violence » en octobre prochain.
Selon lui, plusieurs conditions doivent être réunies. La première : garantir la liberté d’expression et mettre fin aux poursuites judiciaires contre les opposants, qui les conduisent à des peines de 20 ans de prison.
La deuxième condition, selon l’ex-chef d’État, concerne la Commission électorale indépendante (CEI). Pour assurer des élections démocratiques, ses membres doivent être « des gens respectables et au service de la Patrie ».
Ce qui n’est pas le cas actuellement selon Gbagbo, qui a rappelé au passage avoir été, ses « camarades » et lui, à l’origine de la création d’une commission électorale pour des élections transparentes en Côte d’Ivoire.
« La liste électorale est réservée aux nationaux » – Laurent Gbagbo
La troisième condition d’une élection juste et sans violence repose sur « les électeurs », a poursuivi Laurent Gbagbo, dénonçant les manipulations des listes électorales. « Les gens tripatouillent les listes électorales. On y a des femmes qui ont 500 enfants, d’autres qui ne connaissent pas le nom de leur père ni de leur mère », a fustigé l’ancien chef de l’État.
« La liste électorale est réservée aux nationaux », a-t-il rappelé, insistant sur le principe d’exclusivité nationale. À titre d’exemple, Laurent Gbagbo a souligné avoir vécu longtemps en France sans jamais envisager de s’inscrire sur les listes électorales ni « même d’y voter », malgré les nombreuses sollicitations de responsables français.
« Un peu français, un peu ivoirien »
« Il ne faut pas courir vers des solutions de facilité. Je cours, je prends la nationalité d’un tel pays parce que je peux… Non. Il faut que ceux qui sont sur les listes électorales soient des citoyens ivoiriens », a ajouté Gbagbo.
Cette règle, rappelle-t-il, s’applique partout dans le monde : « Quand vous allez en France, ce sont les Français qui sont inscrits sur la liste électorale et qui votent. C’est normal. Pareil en Grande-Bretagne, en Norvège, au Danemark… Mais on ne peut pas jouer (au jeu des chaises) et être un peu français, un peu ivoirien, un peu danois ou finlandais »
L’ancien président a insisté sur la nécessité d’une identité électorale claire. « On ne peut pas être un peu de tout : on est ou on n’est pas. Et ça, ça doit être clair dans la tête de tout le monde », a affirmé Gbagbo. « Donc il faut que les listes électorales soient vidées de tous les noms qui ne doivent pas y être et que la CEI soit (une vraie CEI) et non un club d’amis ».
Pour finir, le président du PPA-CI a prévenu que « Si toutes ces conditions ne sont pas remplies, c’est difficile d’avoir la paix après une élection ». Ceux qui sont « momentanément » au pouvoir doivent « prendre à bras-le-corps » ces questions, a-t-il conclu.
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