Côte d’Ivoire : « J’ai été président pendant dix ans, et jamais je n’ai envoyé quelqu’un en prison pour une opinion » (Laurent Gbagbo)

Ce jeudi 16 janvier 2025, le président du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), Laurent Gbagbo, a reçu les vœux de son parti à son Cabinet de la Riviera Attoban. Entouré de figures fortes de sa formation politique, l’ancien chef de l’État a prononcé un discours dans lequel il a abordé la situation politique du pays, la démocratie et les prisonniers d’opinion.

Dès le début de son intervention, Laurent Gbagbo a rappelé l’identité propre du PPA-CI :
« Nous, qui sommes ici, et les milliers de personnes qui nous soutenons, avons choisi de défendre ce que nous défendons. Nous avons choisi de nous appeler le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire.

Nous ne sommes pas les autres, et cela doit être clair pour tous ceux qui sont dans cette maison. » Il a ainsi affirmé que chaque parti politique repose sur une idéologie qui lui est propre, soulignant que la démocratie repose sur la pluralité des pensées.

L’ancien président a déclaré les poursuites judiciaires dont sont victimes certains cadres de son parti, notamment Damana Adia Pickass et Koua Justin. Selon lui, ces derniers sont traînés devant les tribunaux uniquement pour avoir exprimé une opinion divergente :
« Damana Adia Pickass et Koua Justin sont constamment traînés devant les tribunaux parce qu’ils ont exprimé une pensée que certains refusent d’entendre. Moi, je les défends. Tout homme qui exprime une pensée, même si elle dérange, mérite d’être défendu. »

« J’ai été président pendant dix ans, et jamais je n’ai envoyé quelqu’un en prison pour avoir exprimé une opinion »

Revenant sur sa propre gouvernance, Laurent Gbagbo a insisté sur sa vision de la liberté d’expression : « J’ai été président de la République pendant dix ans, et jamais je n’ai envoyé quelqu’un en prison pour avoir exprimé une opinion. . Jamaïs ! Mon rôle est de promouvoir le contraire. Je regarde souvent la télévision et les débats, et parfois je me demande si nous vivons dans le même pays. Ils présentent les faits de manière tellement erronée. »

Il a décrété les arrestations arbitraires et les conditions dans lesquelles certaines personnalités ont été arrêtées, notamment Gala Kolebi : « Gala Kolebi, par exemple, a été arrêté dans des conditions inacceptables. Des hommes encagoulés ont fait irruption chez lui, ont menacé sa femme avec un revolver, et l’ont emporté. Si vous voulez arrêter quelqu’un, convoquez-le dans un commissariat ! »

« La politique consiste à rendre les décisions de l’État humains »
Laurent Gbagbo s’est également insurgé contre la répression des manifestations pacifiques contre la cherté de la vie : « Il en est de même pour ceux qui manifestent contre la cherté de la vie. Ils ne sont pas dangereux ; ce sont des citoyens qui veulent simplement que le coût de la vie redevienne normal. Ces personnes méritent notre soutien, pas la prison. La prison est destinée à mettre à l’écart des individus dangereux, pas ceux qui demandent à vivre dignement. »

Abordant la question des déguerpissements à Adjamé, il a énoncé des méthodes inhumaines : « Détruire les biens des plus faibles n’est pas une solution. Lorsque j’étais président, j’ai empêché des destructions à Port-Bouët, car on ne peut pas chasser des gens sans leur proposer une solution de relogement. »

Enfin, l’ancien chef de l’État a conclu son discours en appelant à poursuivre le combat pour les libertés : « Je vous dis tout cela pour que vous compreniez que notre lutte pour la démocratie est loin d’être terminée. Continuons de défendre les faibles et sachons que ceux qui se battent aujourd’hui devant les tribunaux ont tout mon soutien. »