Plusieurs officiers impliqués dans une nouvelle tentative de déstabilisation du Burkina Faso « soigneusement orchestrée » se trouveraient actuellement en fuite… en Côte d’Ivoire, accuse le pays voisin.
La tension monte d’un cran entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Dans un communiqué télévisé hier soir sur la RTB, le ministre burkinabé de la Sécurité, Mahamadou Sana, a révélé les détails d’un complot déjoué, pointant du doigt des militaires réfugiés en territoire ivoirien. « Les cerveaux à l’extérieur du pays sont tous localisés en Côte d’Ivoire », a-t-il affirmé, jetant un pavé dans la mare des relations déjà tendues entre les deux voisins.
Un réseau démantelé dans l’urgence
Selon les déclarations officielles, les services de renseignement burkinabés ont déjoué de justesse une tentative de déstabilisation programmée pour ce mercredi 16 avril. « L’assaut devait être mené au même moment que plusieurs attaques terroristes d’envergure », a précisé le ministre Sana, décrivant un scénario catastrophe visant à semer le chaos dans le pays.
Parmi les principaux suspects figurent plusieurs officiers en fuite, dont Barry Abdramane, un lieutenant du bataillon de justice militaire.
« L’officier est en situation d’absence irrégulière depuis quelques semaines », a révélé le communiqué, ajoutant qu’il aurait transmis des informations sensibles à des groupes terroristes.
« Des leaders religieux et coutumiers ont été sollicités pour convaincre certains officiers », a encore révélé le ministre Sana, en soulignant que le plan a pu échouer grâce à la dénonciation courageuse de certains soldats et VDP. « Des VDP et soldats patriotes se sont présentés dans plusieurs services, notamment au renseignement et à la présidence du Faso, pour dénoncer le coup en préparation », a-t-il affirmé.
Abidjan, base arrière des putschistes ?
Les accusations burkinabées ciblent particulièrement la Côte d’Ivoire, décrite comme le quartier général des comploteurs. « Le complot se poursuit activement depuis le centre des opérations à Abidjan », a insisté le ministre Sana, mentionnant notamment la présence présumée du commandant Kaboré Constantin, un déserteur qui aurait, lui aussi, rejoint la capitale ivoirienne.
Ces déclarations interviennent dans un contexte de relations bilatérales particulièrement tendues depuis le coup d’État de septembre 2022 au Burkina Faso. Le capitaine Ibrahim Traoré n’a cessé d’accuser Abidjan d’héberger des éléments hostiles à son régime. En mai 2024, le chef de la transition burkinabè, avait déjà accusé Abidjan d’héberger des « déstabilisateurs ». Une position qu’il a réaffirmée avec plus d’insistance en juillet, évoquant alors l’existence d’un « centre d’opérations » contre son régime en plein cœur d’Abidjan.
Face à ces graves accusations, les autorités ivoiriennes n’ont pas encore réagi officiellement. Toutefois, le ministre des Affaires étrangères, Léon Kacou Houadja Adom, avait déjà anticipé ce genre de mise en cause lors d’une interview à Jeune Afrique publiée le 5 février 2025. Il y avait déclaré que « la Côte d’Ivoire est un pays de paix et de dialogue » et que « jamais [elle] ne sera une terre de déstabilisation ». Une position qui contraste avec les accusations véhémentes venues de Ouagadougou.
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