Front commun PPA-CI_PDCI, rencontre Ouattara-Macron… : le RHDP règle ses comptes

À trois mois de l’élection présidentielle du 25 octobre, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP, au pouvoir) hausse le ton face à une opposition qu’il juge « contradictoire », « anachronique » et « en panne de projet » pour le pays.

Réuni ce mercredi 23 juillet à Abidjan dans le cadre de sa tribune hebdomadaire « Les Rendez-vous du RHDP », le parti présidentiel, par la voix de son porte-parole principal, le ministre d’État Kobenan Kouassi Adjoumani, s’est longuement exprimé sur les faits politiques majeurs des dernières semaines : montée en puissance du front commun PPA-CI/PDCI, visite du président Ouattara en France, critiques sur la CEI, tensions autour du parrainage et des conditions d’éligibilité à la présidentielle.

Front commun PDCI-PPA-CI : une alliance jugée incohérente
Prenant appui sur les précédents électoraux, M. Adjoumani a réaffirmé la position du RHDP : « Le processus électoral est engagé, il est irréversible. Il se déroule sans heurts et dans un esprit apaisé, n’en déplaise à certains esprits chagrins. »

Il a dénoncé la « stratégie du doute » orchestrée, selon lui, par l’opposition, et mise en garde contre « les vieilles méthodes » ayant mené à des violences dans le passé. « Il n’y aura pas de CNT bis en Côte d’Ivoire », a-t-il lancé, en référence au Conseil National de Transition autoproclamé en 2020, au lendemain de la présidentielle contestée.

Le porte-parole du RHDP a également réagi aux critiques entourant la rencontre du 16 juillet entre une délégation du RHDP et la coalition d’opposition CAP-CI conduite par Simone Gbagbo.

« Certains ont crié au ‘vrai-faux dialogue’. Mais c’est un acte d’humilité et de fraternité. Le RHDP dit oui au dialogue, mais dans le respect des lois de la République », a déclaré le ministre d’État.

Sur la récente alliance entre les deux principaux partis d’opposition, le RHDP n’a pas mâché ses mots. Qualifiant leur comportement de « lézard politique », Adjoumani a accusé les deux formations de multiplier les contradictions : « Comment peut-on exiger une CEI plus neutre tout en retirant ses représentants de ses structures locales ? » s’est-il interrogé.

Il a également d’annoncer la demande de révision de la liste électorale à seulement trois mois du scrutin, évoquant une « stratégie de blocage ».

Rencontre Ouattara-Macron : « une relation d’État à État »
Concernant l’entretien entre les présidents Alassane Ouattara et Emmanuel Macron, qui a eu lieu à Paris le 16 juillet, Adjoumani a balayé toute spéculation sur un lien avec l’échéance électorale.

« Il ne s’agissait ni d’une convocation ni d’une médiation, a-t-il précisé. C’est un échange normal entre deux chefs d’État liés par une coopération historique. »

Par ailleurs, le RHDP a défendu le principe du parrainage citoyen, condition d’éligibilité contestée par l’opposition, comme une exigence de sérieux dans la course à la présidence.

« Si vous n’êtes pas capable de récolter 1 % de suffrages, alors vous devez vous abstenir. La présidentielle n’est pas un rendez-vous d’exposition politique », a souligné M. Adjoumani.

Visites diplomatiques : pas de pression, selon le RHDP
Le ministre d’État est aussi revenu sur les récentes visites de délégations de la CEDEAO, de l’Union Africaine et du Forum des Anciens de l’Afrique de l’Ouest, affirmant qu’« aucune pression n’a été exercée sur le pouvoir » et que ces missions relèvent « d’une démarche normale en période électorale ».

« La Côte d’Ivoire est en paix, les institutions fonctionnent. Il n’y a besoin ni de médiation, ni de mise sous tutelle internationale », a-t-il insisté, appelant l’opposition à « se réinitialiser » et à « mettre à jour son logiciel politique ».

Enfin, le porte-parole du RHDP a salué la tenue prochaine des festivités de l’indépendance à Bouaké, le 7 août, et voyant un signe que « la paix est réellement restaurée dans tout le pays » sous la direction du président Ouattara.

Sur la candidature du président sortant, le RHDP reste dans l’attente. « Le président a été massivement sollicité. Il va bientôt se prononcer. Toute la Côte d’Ivoire place en lui son espoir », a conclu M. Adjoumani, laissant entrevoir un quatrième mandat pour Alassane Ouattara.