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Société

Grève pour la prime : l’enseignant Ghislain Assy condamné à 24 mois de prison ferme

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L’enseignant et syndicaliste Ghislain Duggary Assy a été condamné à 24 mois de prison ferme pour coalition et entrave au fonctionnement du service public. Son avocat dénonce une arrestation abusive et annonce faire appel.

C’est une salle d’audience tendue qui a vu tomber le verdict, ce mardi 8 avril 2025, dans l’affaire qui oppose l’État de Côte d’Ivoire à l’enseignant-syndicaliste Ghislain Duggary Assy. Le tribunal correctionnel d’Abidjan a condamné ce dernier à 24 mois de prison ferme pour coalition d’agents publics et entrave au fonctionnement du service public. Un jugement que la défense rejette en bloc, dénonçant des « violations graves des droits » de l’accusé et annonçant dans la foulée un appel immédiat.

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« C’est inquiétant »
Militant bien connu du milieu syndical enseignant, Ghislain Assy a été interpellé dans la nuit du 2 au 3 avril, à la veille d’une grève nationale prévue pour réclamer le paiement des primes d’incitation promises aux enseignants. L’homme aurait été enlevé à son domicile à 1h du matin, devant sa famille, selon son avocat.

Le procès, qui s’est ouvert ce lundi, a rapidement mis en lumière la fracture entre l’accusation et la défense. Le procureur avait requis 36 mois de prison ferme, s’appuyant sur les faits reprochés à l’enseignant : avoir relayé l’appel à la grève et ainsi, selon l’accusation, incité à désorganiser le fonctionnement de l’école publique.

Mais pour Me Léon Paul Boto, avocat de l’enseignant, le fond du dossier est vide. Il dénonce une arrestation abusive et une instruction bancale : « Le parquet est allé jusqu’à dire qu’ils ignoraient que c’était le domicile de M. Assy et qu’ils s’y sont rendus de nuit à 1h du matin, ont cassé les portes et l’ont interpellé. Mais c’est grave ce qui vient d’être dit pour la liberté des personnes en Côte d’Ivoire. »

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La défense avait d’ailleurs tenté de faire annuler le procès en pointant quatre entorses aux droits du prévenu, dont l’interpellation nocturne et sans mandat. Mais la juge a rejeté cette requête, maintenant le procès et menant au verdict contesté.

Pour Me Boto, la décision du tribunal est d’autant plus inquiétante qu’elle touche au droit syndical et au droit de grève, garantis par la Constitution.

« Le droit de grève est fondé dans notre Constitution et son exercice se fait pendant les heures de travail. Le juge prétend ne pas en connaître la base. C’est inquiétant. Nous allons faire appel pour qu’une autre juridiction examine ce dossier avec plus de sérénité. »
« Aucune preuve présentée »
Autre point soulevé par la défense : le manque de preuves tangibles.

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« Il est poursuivi pour coalition d’agents publics. Pourtant, il a agi seul. Même les autres membres du directoire arrêtés ont été relâchés. Quels sont les faits reprochés à M. Assy ? D’avoir annoncé une grève les 3 et 4 avril. Il a agi en tant que chargé de communication du MEDD. Où sont les vidéos qu’on lui reproche d’avoir diffusées ? Où sont les preuves de l’obstruction dans les écoles ? Rien ne nous a été apporté. », s’est insurgé Me Boto.

L’avocat déplore également l’approche du parquet, qui selon lui, semble vouloir criminaliser toute forme de mobilisation syndicale.

« Finalement, on sort d’un chapeau qu’il serait interdit à un syndicat de rencontrer ses membres pendant les heures de travail. La juridiction oublie que le droit syndical ne s’exerce pas en dehors des heures de bureau. »

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Ghislain Assy devra donc purger deux années derrière les barreaux, sauf si la Cour d’appel infirme cette décision. Son avocat, visiblement ému mais déterminé, a remercié les confrères venus en soutien : « Nous l’avons défendu gratuitement, parce que nous croyons que chaque citoyen, quelles que soient ses conditions de vie, a droit à une défense. »

Alors que la communauté éducative reste sous tension, cette condamnation marque un tournant dans la gestion des mouvements syndicaux dans le pays. L’appel annoncé par la défense ouvrira sans doute un nouveau chapitre, dans ce bras de fer entre enseignants et autorités.

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