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Le président ivoirien Alassane Ouattara sera reçu ce mercredi 16 juillet à l’Élysée par son homologue français Emmanuel Macron, dans le cadre d’un déjeuner privé non inscrit à l’agenda officiel.
Derrière la forme discrète de cette rencontre se cache un échange à haute portée diplomatique et politique, dans un contexte de fortes tensions en Côte d’Ivoire à moins de trois mois de l’élection présidentielle d’octobre 2025.
Le climat électoral au cœur des discussions
Si les dossiers bilatéraux – notamment la coopération sécuritaire et les investissements français – seront abordés, la question du climat électoral ivoirien sera au cœur des discussions. Depuis plusieurs semaines, la situation politique ivoirienne soulève de sérieuses inquiétudes dans les capitales européennes.
L’exclusion de plusieurs figures majeures de l’opposition – Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé et, plus récemment, Tidjane Thiam – de la liste électorale alimente une vive contestation. À Paris, cette série de radiations est perçue comme un signal négatif quant à la transparence du scrutin à venir.
Face à ces préoccupations, la France a exprimé à plusieurs reprises son attachement à une élection « ouverte, équitable et inclusive ». Pour Paris, un processus verrouillé risquerait non seulement d’alimenter l’instabilité interne, mais aussi de fragiliser un pays considéré comme un pilier stratégique en Afrique de l’Ouest. Cette position, selon certains médias étrangers, est partagée par plusieurs capitales européennes, parmi lesquelles Bruxelles et Washington.
Nous sommes l’Union européenne. Nous ne pouvons pas soutenir un processus biaisé. Notre ambassade sur le terrain doit s’exprimer publiquement
Lors d’un débat au Parlement européen, le député Michel Gahier a appelé à une prise de position clairement affirmée face à « un processus électoral biaisé dont l’enjeu est déjà connu ».
« Nous sommes l’Union européenne. Nous ne pouvons pas soutenir un processus biaisé. Notre ambassade sur le terrain doit s’exprimer publiquement — non pas seulement au nom des normes européennes, mais au nom des lois du pays lui-même, qui sont bafouées. Cela doit être clairement affirmé », a-t-il insisté.
Contexte socio-politique tendu
Pendant ce temps, à Abidjan, les tensions montent. Alors que le RHDP a désigné Alassane Ouattara comme son candidat, ce dernier reste évasif sur sa volonté réelle de briguer un quatrième mandat. Ce flou alimente les spéculations et renforce le malaise au sein de l’opinion publique.
De nombreuses voix issues de l’opposition et de la société civile dénoncent une liste électorale entachée d’irrégularités, une CEI jugée inféodée au pouvoir, l’exclusion de plusieurs figures de l’opposition et appellent à l’ouverture urgente d’un dialogue politique inclusif, voire à un rapport de l’élection. Le souvenir des crises postélectorales de 2010 et 2020 reste encore vif et continue de hanter les esprits.
Dans ce contexte tendu, le déjeuner à l’Élysée revêt un caractère stratégique. Derrière la façade diplomatique, Emmanuel Macron pourrait faire passer des messages fermes sur la nécessité d’apaiser le climat politique, de garantir une compétition électorale loyale et d’éviter toute dérive autoritaire.
Selon plusieurs observateurs avisés de la vie politique ivoirienne et sous-régionale, la stabilité de la Côte d’Ivoire ne concerne pas seulement Abidjan : elle conditionne l’équilibre du Golfe de Guinée, une région déjà fragilisée par les tensions sécuritaires et les reculs démocratiques. Ces inquiétudes ont récemment été confirmées par une délégation d’anciens chefs d’État et de diplomates ouest-africains conduite par l’ancien président du Bénin, Boni Yayi, lors d’un séjour à Abidjan.
Ce tête-à-tête entre le président Alassane Ouattara et son homologue français, bien que discret, pourrait ainsi peser lourdement sur les décisions à venir du chef de l’État ivoirien, toujours très attendues sur sa déclaration officielle de candidature. Son retour à Abidjan, prévu dans la foulée de cette rencontre, pourrait marquer un tournant décisif dans la séquence politique actuelle.
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