Ouganda : le fils du président Museveni détient un opposant dans son sous-sol, « Il est dans mon sous-sol… Tu es le prochain ! »

Le chef de l’armée ougandaise, fils du président Yoweri Museveni, a déclaré détenir un militant de l’opposition dans son sous-sol et a proféré des menaces de violence à son encontre, après que le parti de l’intéressé a rapporté son enlèvement par des hommes armés la semaine dernière.

Eddie Mutwe, qui occupe également la fonction de chef de la sécurité rapprochée du principal opposant ougandais, Bobi Wine, a disparu le 27 avril après avoir été enlevé près de la capitale Kampala par des hommes armés, selon le parti Plateforme d’Unité Nationale (NUP). La police a affirmé ne pas détenir Mutwe, de son vrai nom Edward Ssebuufu, et jusqu’à présent, aucune information n’avait filtré sur sa localisation.

Dans une série de publications sur X, jeudi soir, le chef d’état-major des forces armées, Muhoozi Kainerugaba, a partagé ce qui semble être une photographie de Mutwe, torse nu, en affirmant l’avoir capturé « comme une sauterelle ». Reuters n’a pas pu vérifier immédiatement l’authenticité de la photo, mais le parti NUP l’a ensuite relayée sur son propre compte X dans un message appelant à soutenir Mutwe.

« Il est dans mon sous-sol… Tu es le prochain ! », a écrit Kainerugaba en réponse à un message de Bobi Wine concernant la disparition de Mutwe. « Je dois encore le châtrer », a-t-il ajouté quelques heures plus tard, précisant qu’il ne libérerait Mutwe que sur ordre de Museveni.

Les porte-parole du gouvernement, de l’armée et de la police ougandaises n’ont pas répondu immédiatement aux sollicitations. Kainerugaba, 51 ans, est coutumier des déclarations incendiaires sur les réseaux sociaux, notamment des menaces en 2022 d’envahir le Kenya voisin, ou encore en janvier de décapiter Bobi Wine.

Ce dernier, musicien populaire devenu homme politique, était arrivé second lors de l’élection de 2021. Museveni, 80 ans, dirige l’Ouganda depuis 1986 et devrait briguer un nouveau mandat en janvier prochain. Ses opposants et les défenseurs des droits humains l’accusent régulièrement de violations graves, notamment d’enlèvements et de détentions arbitraires.

Museveni a toujours nié ces accusations.
Bobi Wine, qui estime que le scrutin de 2021 a été entaché de fraudes massives, a indiqué vendredi après-midi sur X que des soldats venaient de faire une descente au siège de son parti, à la veille d’un rassemblement prévu en soutien à Mutwe. Kizza Besigye, autre figure de l’opposition et adversaire de Museveni lors de quatre élections, a été arrêté en novembre et demeure en prison, accusé notamment de trahison.