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Le paysage politique ivoirien est en pleine effervescence à l’approche de l’élection présidentielle de 2025. Ahoua Don Mello, vice-président du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), incarne parfaitement les dilemmes et tensions qui traversent les grands partis.
Le journaliste André Silver Konan a illustré cette dynamique en affirmant que « le dilemme de Don Mello est d’être le Billon du PDCI en restant le Bictogo du RHDP ». Cette analyse résume les défis auxquels Don Mello est confronté, partagé entre ambition personnelle et loyauté envers Laurent Gbagbo.
Invité de l’émission Sans réserve diffusée sur la Nouvelle Chaîne Ivoirienne (NCI) le 26 décembre 2024, Ahoua Don Mello a adopté un ton prudent sur ses ambitions présidentielles. Il a réaffirmé son soutien à Laurent Gbagbo tout en appelant les militants du PPA-CI à préparer une alternative au cas où la candidature de l’ancien président serait bloquée.
« Il est important que nous sachions que l’injustice qui frappe Laurent Gbagbo peut frapper n’importe quel plan B ou plan W. C’est aux militants de faire leur analyse et de proposer d’autres solutions », a-t-il déclaré. Bien qu’il se dise prêt à assumer des responsabilités si Gbagbo le lui demande, Don Mello reste discret sur ses intentions, préférant mettre en avant l’unité du parti.
« Le président Laurent Gbagbo représente le meilleur profil. Mais si demain, il se retire, il y aura beaucoup de Laurent Gbagbo. Si Laurent Gbagbo me met en mission, j’assumerai pleinement cette mission… Je fais partie de ceux qui sont beaucoup appréciés par les militants », a déclaré Ahoua Don Mello, laissant entrevoir sa disponibilité à jouer un rôle de premier plan si besoin. Interrogé sur ses propres ambitions présidentielles, le vice-président du PPA-CI s’est montré mesuré.
Clubs de soutien et tensions internes
Malgré cette prudence affichée, des initiatives de soutien à Ahoua Don Mello émergent discrètement, notamment à travers le Mouvement de Soutien aux Actions du ministre Ahoua Don Mello (MSA-ADM). Le lancement officiel de ce mouvement à Paris le 11 décembre 2024 a suscité une vive réaction de la direction du PPA-CI, qui a publié un communiqué pour condamner cette initiative.
« La Représentation PPA-CI France marque son étonnement à l’organisation d’un tel événement qui est fait au bénéfice du ministre Ahoua Don Mello qui plus est vice-président exécutif du PPA-CI en charge de la région des lacs et de la promotion du panafricanisme », a pointé le communiqué. Cette situation met en évidence des frictions internes, certains percevant ces clubs comme des signes précurseurs d’une ambition personnelle.
Le parallèle avec Jean-Louis Billon et Adama Bictogo
La comparaison faite par André Silver Konan avec Jean-Louis Billon du PDCI et Adama Bictogo du RHDP est particulièrement éclairante. Jean-Louis Billon, candidat déclaré à la présidentielle, critique ouvertement la gestion de Tidjane Thiam, président du PDCI, ce qui lui a valu des convocations devant le conseil de discipline du parti.
De son côté, Adama Bictogo est perçu comme un potentiel successeur d’Alassane Ouattara, bien que ce dernier ait réduit son influence au sein du RHDP lors d’une réorganisation en février 2022. Les ambitions supposées de Bictogo, bien qu’implicites, ont également été mal accueillies par certains cadres du parti.
De fait, en février 2022, Alassane Ouattara annonce une réorganisation du parti. Adama Bictogo passe de directeur exécutif du RHDP à celui de secrétaire exécutif, placé sous l’autorité d’un directoire. Si Bictogo fait partie du directoire, il n’est plus qu’en 6e position dans l’ordre protocolaire.
Cette réorganisation est perçue comme un « désaveu » pour Bictogo. « Ouattara lui reproche en particulier son ambition affichée de se présenter à l’élection présidentielle de 2025 », a soutenu le média Jeune Afrique.
Une stratégie d’équilibrisme
Comme Jean-Louis Billon et Adama Bictogo, Ahoua Don Mello navigue dans un contexte politique où afficher ouvertement ses ambitions peut être perçu comme une menace pour l’équilibre interne du parti. Cependant, à la différence de Billon, il s’abstient de critiquer la direction du PPA-CI. Cette posture pourrait lui permettre de se positionner comme un choix consensuel au sein de son parti.
En définitive, le dilemme de Don Mello reflète les défis structurels des grands partis politiques ivoiriens, pris entre renouvellement des élites et gestion des ambitions personnelles. Sa stratégie prudente, combinée à son influence croissante parmi les militants, pourrait faire de lui une figure incontournable dans les mois à venir. Reste à savoir si cette approche lui permettra d’éviter les pièges qui ont freiné d’autres figures politiques, à l’instar de Jean-Louis Billon et Adama Bictogo.
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