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Dans un discours prononcé le 30 avril 2025, Guillaume Soro évoque son passé militaire et accuse Abidjan de trahir les idéaux pour lesquels il s’est battu.
Guillaume Kigbafori Soro
Guillaume Soro a utilisé un registre émotionnel inhabituel. Devant les membres de la Commission d’Orientation et de Concertation (COC) de son mouvement Génération des Peuples Solidaires (GPS), réunis ce mercredi 30 avril 2025, l’ancien chef rebelle a convoqué les souvenirs de son engagement militaire pour dénoncer son exclusion des listes électorales.
Dans un discours où la colère le disputait à l’amertume, l’ancien président de l’Assemblée nationale a établi un parallèle saisissant entre les combats d’hier et les enjeux d’aujourd’hui. « Si j’étais tombé au front, comme tant d’autres qui ont sacrifié leur jeunesse, leur avenir, leur liberté pour la Côte d’Ivoire, je me serais assurément retourné de ma tombe », a-t-il déclaré.
La trahison des idéaux
Sans jamais le nommer directement, Guillaume Soro a dénoncé ce qu’il considère comme une trahison du président Alassane Ouattara. « C’est une honte immense, une blessure profonde de constater que celui pour qui nous avons donné les plus belles années de notre vie, pour qu’il ne soit pas exclu du débat politique et des élections, est aujourd’hui le promoteur acharné de l’exclusion politique », a-t-il affirmé.
Cette référence à peine voilée rappelle l’engagement militaire de Soro aux côtés d’Ouattara lors de la crise post-électorale de 2010-2011. Un passé qui prend aujourd’hui une dimension paradoxale avec la radiation des listes électorales de quatre figures majeures de l’opposition, dont Soro lui-même.
Un engagement total contre l’exclusion
L’ancien Premier ministre a transformé cette situation en véritable serment politique. « Désormais, le temps qu’il me reste à vivre sur la terre des hommes, je le consacrerai à combattre l’exclusion avec chaque parcelle de force que Dieu m’a donnée », a-t-il promis devant ses partisans.
Cette promesse s’accompagne d’une détermination affichée sans ambiguïté : « Je n’accepterai jamais cette exclusion, pas tant que je vivrai ». Un engagement qui prend une résonance particulière dans la bouche de celui qui fut l’un des principaux acteurs militaires de l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara.
La CEDEAO interpellée
Dans son discours, Guillaume Soro a également adressé une critique sévère à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). « Je m’adresse à la communauté internationale et en particulier à la CEDEAO, si prompte à condamner les régimes militaires, mais étrangement silencieuse face aux coups d’État civils », a-t-il lancé.
L’ancien chef rebelle a multiplié les questions rhétoriques pour souligner ce qu’il considère comme un deux poids, deux mesures de l’organisation régionale : « Où est la CEDEAO quand un président viole la constitution, manipule la justice, exclut ses opposants et se prépare à briguer un quatrième mandat illégal et inconstitutionnel ? »
Cette mise en cause s’accompagne d’un avertissement à peine voilé sur les risques d’instabilité. « Faut-il attendre une flambée de violences pour agir ? Faut-il attendre du sang pour agir ? Faut-il attendre des morts et des morts pour que les chancelleries se réveillent ? », s’est-il interrogé, rappelant que « la CEDEAO a une responsabilité historique à empêcher que la Côte d’Ivoire ne sombre à nouveau dans le chaos ».
Au terme de son allocution, l’ancien Premier ministre a défini trois axes d’action pour son mouvement GPS : agir pour la réinscription des candidats radiés, mobiliser les Ivoiriens contre « l’injustice », et préparer la participation politique du mouvement « sous toutes ses formes ». Cette dernière formulation, délibérément ambiguë, laisse entrevoir différentes stratégies possibles à six mois de l’élection présidentielle d’octobre 2025.
La radiation des listes électorales de quatre personnalités majeures de l’opposition – Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, Tidjane Thiam et Guillaume Soro – continue de susciter de vives tensions dans le paysage politique ivoirien, à l’approche d’un scrutin où le président sortant Alassane Ouattara pourrait briguer un quatrième mandat.
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