RDC -M23 : Dans le Nord Kivu, les jeunes congolais rejoignent l’armée pour défendre la RDC de l’offensive rebelle du M23

Alors que d’intenses combats sont signalés depuis le début de la semaine au sud de Lubero entre l’armée congolaise et la rébellion du M23, dans les villes voisines de Butembo et Beni au Nord Kivu, des jeunes s’enrôlent massivement dans la réserve de l’armée pour défendre leur pays contre l’agression du M23 et du Rwanda.

Mais alors que ces jeunes se mobilisent pour renforcer l’armée, des habitants de Butembo et Beni, se préparent à quitter leurs villes.

Certains ont pu se procurer des documents de migration pour se réfugier en Ouganda. « Nous sommes venus nous procurer des tenant-lieu des passeports, c’est à cause de l’ennemi qui est en train d’avancer vers nous, alors par mesure de précaution nous voulons déplacer toute la famille, l’arrivée des M23, on ne sait pas ce que ça va engendrer. »

Katungu Muyisa fait partie de ces nombreux parents qui ont envahi le bureau de la direction générale des migrations pour tenter d’obtenir des documents qui font office de passeport. Comme elle, plusieurs familles préfèrent s’exiler en Ouganda.

La recherche de ces documents est devenue une priorité pour de nombreux habitants comme Katungu Muyisa depuis que les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, mènent des offensives contre l’armée près de Lubero centre. « Moi et ma famille on n’est pas prêt pour revivre ces scènes de terreurs, nous sommes ici à Beni, nous sommes des déplacés, on a fui les ADF, on pensait venir se reposer et quand on attend que l’ennemi avance vers nous, on a peur pour les enfants qui étaient déjà traumatisés à cause de ce qui s’est passé. Vraiment nous, nous avons peur que ces enfants retombent dans ce traumatisme, dans ce stress. C’est pour cela que nous avons jugé mieux de voir comment on va déplacer la famille et quand la situation va se rétablir, on va voir comment rentrer au pays. »

Des soldats congolais à ButemboDes soldats congolais à Butembo
L’armée congolaise fait face à une fulgurante progression du M23 dans l’est du paysImage : JOHN WESSELS/AFP/Getty Images
Depuis le lundi 17 février, la direction générale des migrations à Beni et Butembo connait une forte demande des documents qui font office de passeports. Le stock de documents pour mineurs est même épuisé et la direction générale des migrations a dû faire une nouvelle commande à Kinshasa.

Un calvaire administratif
Un autre père de famille que nous avons rencontré, a passé toute la journée au bureau de la migration à Beni. Il veut lui aussi mettre sa famille à l’abri du danger. « Je viens chercher des documents tenant-lieu de passeport pour ma famille, on est nombreux ici, la procédure est longue mais on va attendre. La situation sécuritaire du moment ne me permet pas de rester au pays. On va quitter pendant un temps et s’installer chez le voisin. »

Justin Kasereka lui ne va pas quitter sa ville. Ce mardi 18 février, il s’est porté candidat pour rejoindre l’armée de réserve. Il fait partie des centaines de jeunes de Butembo et Beni, qui s’veulent ainsi défendre la patrie. « Moi, ce qui m’a poussé à me faire identifier dans la réserve armée de défense, c’est la situation que nous sommes en train de vivre dans notre pays. Imaginez-vous la ville de Goma qui est occupée actuellement ! Il y a des étudiants qui ont pourtant besoin d’un avenir ! »

Colère des commerçants à Bukavu après des scènes de pillage

Cet autre jeune, révolté par la guerre qui a déstabilisé ses projets, se dit prêt à soutenir l’armée. « Ce qui m’a poussé à venir ici est que je fais l’agriculture et le commerce, mais toutes les zones où je travaille, dont l’ituri, sont insécurisées.

En Ituri par exemple, ce sont les ADF et quand je me suis tourné vers Goma, le M23 est arrivé. Voilà pourquoi, en tant qu’indigné, je me suis enrôlé dans la réserve armée de défense pour participer à la libération de mon pays. Je suis disposé et prêt pour être à la première ligne. »

A Butembo ce sont des centaines de jeunes qui se sont déjà enrôlés, des jeunes prêts à défendre la localité. Tous ces volontaires seront formés pendant 45 jours dans un camp en pleine construction près de Beni au Nord Kivu.