Rupture Bédié-Ouattara : Marcel Amon-Tanoh révèle les coulisses, « le Président s’est fâché. C’est là donc le nœud gordien de la brouille »

Sur Life TV le 10 avril 2025, Marcel Amon-Tanoh dévoile l’origine du conflit entre Bédié et Ouattara concernant un accord sur l’alternance politique non respecté en 2025.

Marcel Amon-Tanoh, conseiller spécial du président Alassane Ouattara, a levé le voile sur les véritables raisons de la rupture entre Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara. Lors d’une interview exclusive diffusée sur Life TV le 10 avril 2025, celui qui fut directeur de cabinet du président ivoirien et intermédiaire privilégié entre les deux hommes a révélé les dessous de leur dernière entrevue cordiale.

Ce témoignage de première main offre un éclairage inédit sur un moment charnière de l’histoire politique ivoirienne. Présent lors de cette ultime rencontre au « Petit Palais », la résidence officielle du président de la République, Amon-Tanoh raconte avec précision les circonstances et les conséquences de ce qui allait devenir une rupture définitive entre deux figures majeures de la scène politique.

Le rôle d’intermédiaire
« Vous savez, la personne qui faisait le va-et-vient entre le Président Bédié et le Président Ouattara, excusez-moi de le dire encore une fois, on va dire que je ne parle que de moi, mais c’est moi », a affirmé Amon-Tanoh sur le plateau de Life TV. L’ancien ministre a détaillé son rôle d’émissaire : « Quand le Président Bédié était à Abidjan, je faisais les messages du Président Ouattara au Président Bédié, je faisais les retours. Quand il était à Daoukro, souvent le Président me donnait un hélicoptère, j’allais voir le Président Bédié à Daokho. »

Cette position privilégiée lui a permis d’assister à des échanges confidentiels entre les deux hommes. Marcel Amon-Tanoh a notamment été convié à la fin du dernier entretien cordial au Petit Palais. « À la fin de l’entretien, le Président Ouattara me fait l’honneur de m’appeler. Je m’assois, il est assis, le Président Bédié est à ma droite, le Président Ouattara est un peu plus loin, ils sont sur le même canapé », a-t-il détaillé.

L’accord sur l’alternance
Le point central des révélations d’Amon-Tanoh porte sur un accord concernant l’alternance politique. « Je ne dirai pas ce qu’ils se sont dit exactement, mais je vous dirai qu’ils ont parlé de l’alternance », a-t-il indiqué sur Life TV. Selon son récit, le président Ouattara lui a exposé le contenu de leur discussion en présence de Bédié lui-même.

« Et le Président m’a dit, Marcel, concernant l’alternance, voilà ce que nous nous sommes dit. Il ne m’a pas dit ça quand le Président Bédié est parti, il m’a dit ça devant le Président Bédié », a précisé l’ancien directeur de cabinet. D’après Amon-Tanoh, « ils étaient d’accord, et ça je le révèle, pour dire que plus jamais le Président Bédié, compte tenu de ce qu’ils ont convenu, ne s’exprimerait sur l’alternance publiquement. »

La rupture serait intervenue peu après cette rencontre, lorsque Bédié n’aurait pas respecté leur accord. « Dès qu’il est sorti de là, il est allé à Paris, il a fait une interview, il a parlé de l’alternance. Le Président s’est fâché. C’est là donc le nœud gordien de la brouille », a expliqué Amon-Tanoh sur le plateau de Life TV.

Cette déclaration publique aurait provoqué une réaction immédiate d’Alassane Ouattara. « Le Président s’est fâché, il lui a fait un courrier, écrit pour la première fois. J’ai encore ce courrier dans mon téléphone. Parce qu’à l’époque, je suis directeur du cabinet, tous les courriers signés par le Président sont visés par le directeur du cabinet », a précisé l’ancien ministre. Sans en dévoiler tout le contenu, il a indiqué que dans cette lettre, Ouattara rappelait à Bédié leur accord : « Il faut arrêter cette histoire de l’alternance. Tu sais très bien que voilà ce que nous avons convenu. »

« Est-ce que ça dit que le Président Bédié forçait un peu la main au Président Ouattara ? À vous de voir », a conclu Amon-Tanoh, laissant aux téléspectateurs le soin d’interpréter les motivations des deux protagonistes. L’ancien ministre a par ailleurs laissé entendre que d’autres révélations pourraient suivre : « On va aller par dose homœopathique », suggérant que ce premier témoignage pourrait n’être que le début d’une série de confidences sur les coulisses du pouvoir ivoirien.