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Le Mali traverse une période de crise politique et sécuritaire qui se reflète dans les récentes arrestations de plusieurs de hautes personnalités du pays. L’ancien Premier ministre civil de la junte, Choguel Kokalla Maïga, a été placé en garde à vue, ce mardi 12 août 2025, dans le cadre d’une enquête sur la gestion de son gouvernement. Parallèlement, plusieurs hauts gradés de l’armée sont également détenus, accusés de comploter contre les institutions de transition.
Choguel Kokalla Maïga, ancien Premier ministre sous la Transition, a été convoqué par la brigade du Pôle national économique et financier pour des auditions liées à une enquête sur des présumées atteintes aux biens publics. Cette instruction fait suite à un rapport du Vérificateur général qui dénonçait des irrégularités dans la gestion de la Primature durant son mandat.
La garde à vue de Choguel Kokalla Maïga et ses suites
Arrivé à l’heure au Pôle national économique et financier, M. Maïga a attendu de longues heures avant que la garde à vue ne soit formellement décidée et annoncée par les enquêteurs.
Cette mesure concerne aussi plusieurs de ses anciens collaborateurs, dont son ancien directeur de cabinet, le professeur Issiaka Ahmadou Singaré, ainsi que trois anciens directeurs administratifs et financiers de la Primature. Tous bénéficient des égards dus à leur statut et restent présumés innocents tant qu’une décision judiciaire n’a pas été prise.
Des officiers très respectés, comme le général Abass Dembélé, ancien gouverneur de la région stratégique de Mopti, ont été arrêtés, soulevant des interrogations sur la stabilité de l’institution militaire. D’autres officiers généraux comme la générale de brigade Nema Sagara, rare officier féminine d’un grade élevé dans l’armée malienne, ont également été interpellées.
Cette procédure intervient dans un contexte politique déjà tendu. M. Maïga, qui fut nommé Premier ministre en 2021 par la junte militaire prenant le pouvoir après deux coups d’État en 2020 et 2021, avait été démis de ses fonctions en novembre 2024. Cette révocation faisait suite à ses critiques ouvertes envers la junte, qu’il accusait notamment d’exclusions et de dérives autoritaires.
Il avait par ailleurs déclaré que la coalition politique à laquelle il appartenait, le Mouvement du 5-Juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), rompit définitivement avec les militaires au pouvoir.
Arrestations dans l’armée : Un pouvoir militaire fragilisé
L’appareil militaire du Mali est également secoué. Depuis plusieurs jours, une vague d’arrestations touche des dizaines d’officiers, parmi lesquels figurent au moins plusieurs généraux, soupçonnés de manœuvres visant à déstabiliser la transition en cours. Les forces arrêtées appartiennent à différentes branches, y compris la garde nationale, corps auquel appartient le ministre de la Défense, le général Sadio Camara, une figure-clé actuellement. Ces opérations de maintien de l’ordre militaire révèlent une fracture au sein de la hiérarchie et une défiance qui gangrène le noyau dur du pouvoir.
Selon des experts, cette situation traduit la difficulté pour le gouvernement militaire d’instaurer une politique inclusive et ouverte, non seulement à l’intérieur du pays, mais aussi vis-à-vis des acteurs régionaux et internationaux dont la collaboration est essentielle pour contenir les menaces djihadistes et sécuritaires.
Des officiers très respectés, comme le général Abass Dembélé, ancien gouverneur de la région stratégique de Mopti, ont été arrêtés, soulevant des interrogations sur la stabilité de l’institution militaire. D’autres officiers généraux comme la générale de brigade Nema Sagara, rare officier féminine d’un grade élevé dans l’armée malienne, ont également été interpellées.
Sa formation, notamment en France et aux États-Unis, et son rôle dans la défense d’une souveraineté nationale mettent en lumière la complexité et le poids des purges en cours. La junte, présidée par le général Assimi Goïta, fait silence sur ces arrestations. Officiellement, aucune information n’est confirmée, mais dans les cercles militaires, on évoque clairement l’intention de neutraliser tout opposant potentiel au sein des forces armées. Ce climat nourrit des rumeurs d’un possible coup d’État interne ou d’un conflit latent pour le contrôle du pouvoir.
Un Mali en proie à de multiples enjeux
Ces mouvements surviennent dans un contexte politique particulièrement tendu au Mali. En avril, une « conférence nationale de refondation » a approuvé la reconduction d’Assimi Goïta à la tête de la transition pour un mandat de cinq ans, renouvelable à volonté. Cette décision a suscité un large scepticisme tant au niveau national qu’international.
Les partis politiques sont pour la plupart dissous ou réduits au silence, les manifestations sévèrement encadrées, voire interdites, depuis la suspension des activités politiques en mai 2025.
Sur le terrain, les groupes djihadistes affiliés à Al-Qaida, notamment le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), poursuivent leur offensive dans le centre et le nord du pays. Ces groupes pratiquent les attaques contre les forces armées et civils, le contrôle de routes commerciales et imposent des taxes aux populations locales, accentuant la déstabilisation de la région. Leur capacité à entretenir une guérilla dense et à développer des stratégies psychologiques alimente un climat de peur pérenne.
La France, partenaire traditionnel du Mali, s’est retirée du territoire, abandonnant la place à d’autres acteurs, notamment la Russie, devenue un partenaire sécuritaire majeur. Ce réalignement stratégique divise profondément les rangs militaires et politiques maliens.
Si certains perçoivent cette alliance comme nécessaire, d’autres la considèrent comme une forme de nouvelle dépendance, contribuant à l’instabilité interne. Au cœur de cette tourmente, le gouvernement de transition fait face à un dilemme : renforcer son contrôle par des purges qui fragilisent l’unité militaire, ou engager des réformes et un dialogue plus ouvert.
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