Côte d’Ivoire : A Abidjan, la mauvaise comédie entre 2 hauts cadres du RHDP (Bictogo et Bacongo) pour distraire les populations

Devant des populations victimes de déguerpissements ce lundi 29 janvier à Yopougon, Adama Bictogo maire de ladite commune, n’a pas pris de gants pour assener des coups à Cissé Ibrahim Bacongo, gouverneur du district autonome d’Abidjan. Le président de l’Assemblée nationale a accusé son camarade de parti de « détruire moralement les gens ».

Alors que la 34ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football bat son plein au bord de la lagune ébriée et cristallise les passions, une passe d’armes à lieu entre Adama Bictogo, ancien secrétaire exécutif du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) et son successeur, Ibrahim Cissé Bacongo.

La pomme de la discorde entre le maire de Yopougon et le gouverneur du district autonome d’Abidjan n’est rien d’autre que les derniers déguerpissements opérés dans la commune la plus chaude d’Abidjan. Ce lundi, aux côtés des victimes de déguerpissement de Yopougon, le président de l’Assemblée nationale, par ailleurs premier magistrat de la commune, a crié sa colère à son camarade du parti.

« On ne peut pas venir détruire moralement les gens. Parce qu’au-delà de la maison, c’est moralement qu’on est en train de détruire des gens », a dénoncé un Adama Bictogo très amer. Ne décolérant guère, le maire de Yopougon a promis de « rencontrer le gouverneur pour lui dire que je refuse que tout engin entre à Yopougon sans mon autorisation. Je vais prendre un arrêté dès cet instant, je vais réquisitionner la gendarmerie et la police et la police municipale à l’effet de protéger tous les quartiers qui sont concernés ».

Pour ceux qui ont eu leurs maisons déjà détruites, Adama Bictogo leur a conseillé de saisir le Conseil d’Etat, notamment ceux disposant d’ACD pour se faire dédommager. Il s’engage même à mettre à leur disposition l’un de ses adjoints, avocat, aux fins de les assister dans la procédure contre le district autonome d’Abidjan. On peut le dire sans hésitation aucune, c’est une déclaration de guerre à Ibrahim Cissé Bacongo que vient de lancer son camarade de parti.

Un autre fait marquant est que la mission de l’ex-maire de Koumassi en tant que gouverneur du district autonome d’Abidjan n’est pas de tout repos. Dès les premières heures de sa nomination à la tête du district, le cadre du Rhdp a tout de suite entrepris une série de déguerpissement d’habitats et commerces dit précaires.

Notamment dans les communes d’Attécoubé, Plateau et Yopougon. Sous la pression des bulldozers, les populations de Boribana, un sous-quartier de la commune d’Attécoubé ont entrepris des actions dont l’écho médiatique, à une semaine du match d’ouverture de la CAN, a contraint les services de Bacongo à surseoir au projet de démolition du quartier. A Yopougon et au Plateau, les sites concernés n’ont pas connu la même fortune que Boribana.

Les bulldozers sont passés et y ont laissé de la désolation. Tous les petits commerces qui offraient un cadre de restauration aux travailleurs du Plateau à moindre coût, ont connu la furia des machines. Ce qui n’a pas manqué de provoquer la colère de Jacques Gabriel Ehouo, maire de la commune. Après le Plateau, les machines se sont dirigées à Gesco, dans la commune de Yopougon pour « détruire moralement des populations », selon les propos du président de l’Assemblée nationale.

Nombreuses sont les voix qui avaient dénoncé ces destructions de commerces et habitats précaires sans pour autant arriver à émouvoir les auteurs. Aujourd’hui, c’est Adama Bictogo, maire de la commune de Yopougon, président de l’Assemblée nationale et haut cadre du pouvoir de Ouattara qui dénonce cette politique d’assainissement d’Abidjan sans visage humain. Si l’action du maire de Yopougon est à saluer, il n’en demeure pas moins qu’il peut faire plus.

Adama Bictogo, président de l’Assemblée nationale, devrait s’indigner des déguerpissements au-delà de la commune de Yopougon. Mieux, s’il estime que ces déguerpissements ne respectent pas la dignité des populations, qu’est-ce qui pourrait bien l’empêcher, lui le président de l’Assemblée nationale, de convoquer les auteurs devant les députés afin qu’ils s’expliquent ? Faute de quoi, sa sortie s’apparenterait à une guerre de tranchée entre camarades du Rhdp comme ils en ont l’habitude.