Le journaliste Venance Konan a abordé la question entourant la candidature de Tidjane Thiam à la présidence du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA).
Il a soulevé des questions sur la légalité de sa candidature en raison de son éloignement du bureau politique pendant certaines périodes. De plus, des doutes sont exprimés sur son engagement politique passé, critiquant son absence d’implication lors d’événements cruciaux dans le pays. Des interrogations éthiques et morales sont également soulevées quant à sa récente implication, semblant motivée par des opportunités de pouvoir.
Pour de nombreux admirateurs de M. Tidjane Thiam, l’élection de ce dernier à la tête du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) et son choix comme candidat de ce parti à la prochaine élection présidentielle ne devraient être qu’une formalité.
L’homme est auréolé de son parcours dans la haute finance internationale qui l’avait conduit à la tête de deux grosses entreprises parmi les plus cotées au monde, de ses relations tissées dans le monde entier et de son ascendance houphouétienne. Mais dans ce tableau idyllique, on avait, volontairement ou non, oublié quelques questions qui risquaient de fâcher.
Un membre de la direction du vieux parti vient de les poser. Il y a la question de la légalité de la candidature de M. Tidjane Thiam. Il semble que les textes du vieux parti demandent que les candidats à sa présidence soient d’abord membres du bureau politique du parti depuis au moins dix ans.
Or, si M. Tidjane Thiam avait été coopté dans le bureau politique en 1996, il n’en aurait plus été membre depuis le congrès de 2002. Ce n’est qu’en mars 2023 qu’il aurait à nouveau été réintégré dans le bureau politique du Pdci. Alors, qui pourra donc répondre à cette question :
M. Tidjane Thiam est-il membre du bureau politique du Pdci depuis dix ans ? Ce ne devrait pas être une question difficile. Il suffit de prendre les différentes listes des membres des bureaux politiques depuis dix ans et on aura la réponse. Il est vrai qu’elles sont particulièrement longues, mais en une journée, une dizaine de personnes commises à cette tâche pourraient répondre à la question.
La question de la légitimité de M. Thiam a aussi été soulevée. Il s’agit de la réalité du militantisme même de M. Thiam. À quel niveau du parti a-t-il un jour milité ? En posant quels actes ? En 1996, lorsqu’il fut intégré au bureau politique, c’était parce qu’il assurait certaines charges au sein de l’État. Mais depuis lors, que ce soit au pays ou à l’extérieur, à quelles activités du parti a-t-il été une seule fois vu ?
Ni à un meeting, ni à une réunion, ni à une réflexion sur la vie du parti. Il a enfin été posé la question de l’éthique et de la morale de la démarche de ceux qui soutiennent M. Thiam. Leur contradicteur fait remarquer que pendant plus de vingt ans, l’homme qui briguerait aujourd’hui la présidence du Pdci, et peut-être demain la présidence du pays, s’était totalement désintéressé de la Côte d’Ivoire et de ses problèmes.
Il avait quitté le pays en 2000, à la suite du coup d’État qui avait renversé le pouvoir d’Henri Konan Bédié dont il était un ministre. Dès qu’il le put, il partit pour l’étranger et il n‘en est revenu que cette année. En 2000, il y eut la transition militaire et toutes ses dérives. Il y eut l’élection présidentielle « calamiteuse » de Laurent Gbagbo avec l’élimination de tous les candidats du Pdci et du Rdr. En 2002, il y eut la rébellion qui coupa le pays en deux. Avec tout le sang qui coula et les terribles souffrances des populations.
Il y eut la guerre avec la France, avec ses morts et autres drames. En 2010, il y eut l’élection présidentielle qui porta Alassane Ouattara à la tête du pays, le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite, la quasi-guerre civile qui s’ensuivit, avec ses milliers de morts. En 2014, il y eut l’Appel de Daoukro, la dissidence de Charles Konan Banny.
En 2018, la friction entre le Président Alassane Ouattara et son « aîné » Henri Konan Bédié. En 2020, il y eut le décès d’Amadou Gon Coulibaly et le boycott actif de l’élection présidentielle par le Pdci. Sur toutes ces questions cruciales pour le pays et pour le Pdci, M. Tidjane Thiam resta muet, indifférent même. Il ne se sentait pas concerné. Apparemment le Franco-Ivoirien qu’il est avait oublié son côté ivoirien.
Il s’en souvient maintenant, par pur opportunisme, parce que le poste de président du Pdci est à prendre et que ce poste pourrait le conduire, dans les années à venir, à celui, encore plus prestigieux, de Président de la Côte d’Ivoire.
Cela est-il éthique et moral ? Quid donc de tous ces militants, jeunes et vieux, souvent anonymes, qui se sont battus ici et ailleurs, qui ont souffert pour que leur parti tienne sur ses jambes ? Voilà quelques-unes des questions que la candidature de Tidjane Thiam soulève et auxquelles ses supporters et ses équipes de communication devraient trouver rapidement réponse.
Venance Konan
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