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Sénégal : A Dakar, Macky Sall sourd aux ppels au rétablissement du calendrier électoral » Moi pas bougé «
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Il y'a 10 moison
Pressé depuis ce samedi 3 février 2024, de rétablir le calendrier électoral dans son pays, Macky Sall, droit dans ses godasses, se prépare plutôt à prolonger son bail à la tête du Sénégal, quitte à user de la force pour convaincre ses compatriotes.
Il en faut encore plus pour faire reculer Macky Sall. Alors que des voix s’élèvent depuis samedi dernier, pour critiquer le report de la présidentielle initialement fixée au 24 février, dans son pays, le chef de l’Etat sénégalais semble résolu à aller jusqu’au bout de sa logique. En conseil des ministres, ce mercredi 7 février, le successeur d’Abdoulaye Wade, si l’on en croit le nouveau secrétaire général du gouvernement sénégalais, Seydou Gueye, contacté par Radio France internationale (RFI), a justifié le report qu’il a annoncé le samedi 3 février 2024, par la nécessité de créer les conditions d’un scrutin apaisé.
Pour ce faire, Macky Sall, au cours du dernier conclave gouvernemental hebdomadaire, a encouragé les Sénégalais et surtout la classe politique, à prendre part aux pourparlers qu’il a prévu d’organiser, en prélude à la présidentiel repoussée au 15 décembre 2024 par un vote controversé de l’Assemblée nationale, lundi dernier. Avant ce vote des députés de Benno Bokk Yakaar, la coalition au pouvoir, les Sénégalais, à l’appel des leaders de l’opposition, avaient commencé à manifester dans les rues depuis dimanche.
Et, au terme des échauffourées résultant de ces manifestations, plusieurs opposants, comme Aminata Touré, ont été arrêtés puis libérés après 24 heures de détention. « C’est un jour de grande tristesse et d’indignation pour la démocratie sénégalaise avec le report de l’élection présidentielle, à quelques heures du démarrage de la campagne électorale. Le bulletin de sortie du Président Macky Sall est désormais marqué du sceau de cette régression démocratique sans précédent. »
« Jamais une élection présidentielle n’a été reportée au Sénégal. Les démocrates et les citoyens devront se mobiliser pour défendre nos acquis démocratiques acquis au prix de sacrifices de plusieurs générations de militants de la liberté », avait protesté, dès samedi, l’ancienne Première ministre qui a, à sa remise en liberté, lancé un nouvel appel à la mobilisation des Sénégalais.
« Après une arrestation sans raison sérieuse, j’ai été libérée. Merci à tous pour la solidarité et le soutien. Mobilisons-nous tous pour la défense de notre démocratie ! Non au report de l’élection présidentielle du 25 février 2024 », avait appelé, lundi, l’ancienne ministre de la Justice de Macky Sall.
AVALANCHE DE CRITIQUES
Pour l’heure, même si les Sénégalais, durement éprouvés par la répression des partisans d’Ousmane Sonko depuis plus d’un an, hésitent à prendre nombreux la rue, surtout dans un contexte où le régime en place a interdit les manifestations, rien n’indique que les choses vont rester en l’état. Surtout que les arrestations d’opposants et de manifestants se poursuivent dans le pays. Une dérive dictatoriale qui pourrait créer la chienlit et faire le lit d’aventures incertaines.
C’est d’ailleurs cette perspective de chaos, qui inquiète déjà plusieurs pays et organisations internationales. Après une première réaction, pour le moins tiède, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), dans un communiqué, mardi, a exhorté le pouvoir à « prendre de toute urgence les mesures nécessaires pour rétablir le calendrier électoral ».
Puis, elle a encouragé la classe politique sénégalaise à éviter « toute action ou déclaration qui pourrait aller à l’encontre des dispositions de la Constitution du pays et rappelle à la population et à la classe politique leur responsabilité dans le maintien de la paix et de la stabilité dans le pays », allusion sans doute faite au vote controversé de lundi dernier à l’Assemblée nationale sénégalaise.
Hier, à l’ouverture d’un sommet extraordinaire à Abuja (Nigeria), Omar Alieu Touray, le président de la commission de la Cedeao, qui voit la situation au Sénégal s’ajouter à la liste de ses problèmes à régler en urgence, a admis que l’organisation sous-régionale « est à la croisée des chemins ».
Dans la même veine que la Cedeao, qui paraît désormais suivre la situation au Sénégal avec un brin d’inquiétude, l’administration Biden et des élus américains, ont exprimé leurs préoccupations en lien avec la volatilité de la situation. « Les Etats-Unis sont profondément préoccupés par les mesures prises pour repousser l’élection présidentielle du 25 février au Sé négal, qui vont à l’encontre de la forte tradition démocratique », a réagi le département d’Etat.
Dans cet élan très critique, les Américains estiment que le vote du Parlement sénégalais qui reporte la présidentielle jusqu’au 15 décembre 2024, tout en prolongeant le mandat sortant, n’est pas « légitime ». Plus tôt, mardi dernier, le sénateur du Maryland, Ben Cardin, y était allé lui aussi de sa condamnation de la démarche de Macky Sall.
UNE COMMUNAUTE INTERNATIONALE PREOCCUPEE
« Le retard de l’élection présidentielle au Sénégal place le pays sur une voie dangereuse vers la dictature et ne doit pas être toléré », avait fustigé le président de la commission sénatoriale des relations étrangères, selon le site du Sénat américain. De son côté, l’Union européenne, relève que le report de la présidentielle sénégalaise, ouvre la voie à une période d’incertitude, dans ce pays qui était jusqu’à présent considéré comme un modèle de démocratie sur le continent africain.
« L’UE est très préoccupée par le report du scrutin présidentiel. Ce report entache la longue tradition de démocratie au Sénégal et ouvre une période de grande incertitude », a commenté Nabila Massrali, porte-parole de la Commission européenne. Malgré toutes ces critiques, le régime de Macky Sall n’entend pas faire machine arrière. Ce jeudi à Abuja, le ministre sénégalais des Affaires étrangères, en marge du sommet extraordinaire de la Cedeao, a affirmé que son pays se conformerait à la décision de son Président, appuyée par le vote du Parlement.
« Le Sénégal est respectueux des recommandations de la Cedeao, mais nous privilégions aujourd’hui la logique politique interne qui voudrait que ce report des élections soit une opportunité pour organiser une élection libre, inclusive et transparente. », a déclaré le chef de la diplomatie sénégalaise, Ismaïla Madior Fall.
Une détermination qui n’est pas sans rappeler la posture du régime d’Alassane Ouattara, en 2020. A l’approche de la fin de son second mandat, et alors qu’il s’était engagé à ne pas candidater à l’élection présidentielle d’octobre 2020, le chef de l’Etat ivoirien s’était finalement rebiffé.
Invoquant un ‘’cas de force majeure’’ lié au décès de son ancien Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, au préalable désigné candidat du parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), Alassane Ouattara s’était finalement lancé dans la course, éliminant au passage quelques candidats de l’opposition, dont Guillaume Soro, l’ex-président de l’Assemblée nationale qui, plus est, contraint à l’exil.
Soutenu par Paris mais critique par l’opinion nationale et internationale, l’ancien directeur général adjoint du Fonds monétaire internationale, est resté droit dans ses bottes. Sans adversaires de poids, puisque l’opposition, dans sa grande majorité, avait décidé de boycotter le scrutin, M. Ouattara, après avoir remporté cette élection controversée, cherche, à moins de deux de la prochaine présidentielle, les voies et moyens de se porter à nouveau candidat.
Le nouvel argument sur lequel le président du Rhdp pourrait s’appuyer, serait sans doute « l’appel du peuple », ses partisans ayant déjà entamé une campagne visant à adouber sa candidature pour le « deuxième mandat de la 3e République ». Le cas de force majeure ayant prospéré en Côte d’Ivoire, Macky Sall est donc tenté d’user d’un passage en force au Sénégal, pour imposer son poulain comme successeur à la tête du pays. Une manière de quitter le Palais présidentiel, tout en restant au pouvoir.
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