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L’audition devant la Commission défense de l’Assemblée Nationale de Jean-Marie Bockel, le 6 novembre, était très attendue. Au détour de la conversation, l’envoyé spécial du Président en Afrique a toutefois lâché pour illustrer son propos sur l’utilité de garder des bases pérennes en Afrique: « Quand il y a eu la crise au Niger, on a été capable d’installer à Abidjan 2000 hommes en quelques heures ! ».
Ce qui confirme qu’une intervention militaire a été bel et bien envisagée par Paris, sans jamais aboutir, pour libérer l’ancien président Bazoum.
Promise depuis 2022, la nouvelle stratégie militaire de la France en Afrique se fait toujours attendre. Les conclusions et le rapport de l’ancien sénateur, qui s’est vu confier en février la lourde tâche de refonder la stratégie militaire française sur le continent, étaient annoncés pour juillet mais ont été à nouveau reportés.
Entendu pendant plus de deux heures, Jean-Marie Bockel a tant impatienté les députés que l’élu de la France Insoumise Aurélien Saintoul a demandé à l’orateur « de ne pas nous saouler de généralités » tandis que Bernard Chaix, de l’Union des Droites pour la République, faisait part en ces termes de son désarroi : « Nous attendions avec beaucoup d’intérêt votre éclairage sur la refonte de notre configuration militaire en Afrique et j’avoue qu’après une heure trente d’audition je reste dans le flou, voire dans l’ignorance. »
La petite phrase qui tue…
L’envoyé de Macron en Afrique a pourtant, mais sans le vouloir, lâché une bombe en déclarant « Quand il y a eu la crise au Niger, on a été capable d’installer à Abidjan 2000 hommes en quelques heures ! ». Or la France n’avait jamais reconnu avoir réagi par un déploiement militaire à l’installation d’une junte militaire au Niger.
Mieux, lorsque la junte nigérienne avait accusé la France « de déployer ses forces dans plusieurs pays de la Cedeao (dont la Côte d’ivoire), pour réinstaller le Président Mohamed Bazoum dans son fauteuil, Paris avait fermement démenti. Les révélations de l’envoyé personnel d’Emmanuel Macron en Afrique confirment bel et bienn les déclarations des militaires au pouvoir au Niger. Aucune intervention militaire n’a eu lieu finalementau Niger, mais on n’est pas passé très loin d’un telscénario
Après le renversement de Mohamed Bazoum, le 26 juillet 2023, le Président français avait pesé de tout son poids en faveur d’une intervention militaire ouest-africaine pour chasser la junte du pouvoir et restaurer la démocratie.
Le rôle précis de la France dans ce scenario est resté volontairement flou mais la tension inédite entre Paris et Niamey a conduit au départ forcé du contingent militaire français et de l’ambassadeur Sylvain Itté dans les semaines qui ont suivi le coup d’Etat. Le projet d’intervention régionale a finalement avorté mais il a conduit le Niger, le Mali et le Burkina Faso à quitter l’organisation ouest-africaine.
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