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Côte d’Ivoire : 13 ans après l’accès au pouvoir de l’ex-DGA du FMI, les scandales qui éclaboussent la gouvernance de Ouattara

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En dépit de ses engagements à diriger le pays, notamment sous le sceau de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, la gestion du pays depuis 13 ans par Alassane Ouattara reste émaillée par des malversations pour lesquelles les populations attendent toujours des sanctions exemplaires… en vain.

C’est au pied du mur, soutient une vielle sagesse, qu’on voit le vrai (ou le bon) maçon. Venu des institutions de Bretton Woods avec la réputation de gestionnaire rigoureux, Alassane Ouattara, s’est bien souvent engagé, pendant les campagnes électorales et durant ses discours en qualité de chef de l’Etat, à mener une guerre sans merci contre la corruption et autres malversations. Premier ministre de Félix Houphouet-Boigny dans les années 90, dans une période marquée par l’austérité, il avait même laissé dans une partie de l’opinion l’image d’un dirigeant très attaché à la bonne gouvernance.

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Au pouvoir depuis 2011, le leader du Rassemblement des républicains (RDR), aujourd’hui à la tête du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), le banquier donne pourtant le sentiment d’avoir d’autres chats à fouetter, alors que les actes de malgouvernance n’en finissent plus d’éclabousser sa gestion de l’Etat.

Dans le meilleur des cas, l’ancien directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), s’est généralement contenté de limoger le cadre de sa famille politique soupçonné ou effectivement accusé de malversation, sans autre forme de procès. Sinon, ce sont des ‘’figurants’’ qui paient les pots cassés, pour sauver l’honneur des barrons de son régime, mis en cause.

C’est ce qui s’est passé avec le chantier de la rénovation des universités publiques ivoiriennes, après l’accession au pouvoir de M. Ouattara. Alors que la rumeur faisait état de surfacturation dans la gestion de ce marché d’envergure, l’on avait appris en août 2012 le limogeage du directeur des affaires administratives et financières du ministère de l’Enseignement supérieur, Adama Méïté.

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UN ENCHAINEMENT DE MALVERSATIONS
Pour quel motif ? L’on ne pas grand-chose de ce renvoi, jusqu’à ce jour. Interrogé en mai 2013 sur ces prétendues surfacturations, Ibrahima Cissé Bacongo, s’était juste contenté de botter en touche. « Notre ministère n’a pas facturé et ne pouvait pas facturer. Ce n’est ni le ministère de l’Enseignement supérieur, ni le ministre qui facture. Nous ne fixons pas le coût des travaux. C’est le Bureau national d’études techniques et de développement (Bnetd), d’une part, et l’entreprise qui fait les travaux sur le campus, d’autre part, qui ont cette compétence. Le Bnetd détermine les travaux qui peuvent être effectués.

Le Bnetd détermine, par exemple, les travaux de plomberie ou d’électricité à exécuter. Et elle propose son évaluation du coût des travaux. C’est ce qui relève de la compétence du Bnetd. La deuxième entité, c’est l’entreprise qui réalise les travaux. C’est à elle de dire : voilà ce que les travaux lui coûteront en ajoutant sa marge. Ce sont ces deux entités qui fixent les coûts. En tant que maître d’ouvrage, nous suivons les travaux de sorte à être prêts à la rentrée du 3 septembre (2013, ndlr). C’est ce que nous avons fait depuis le démarrage des travaux jusqu’à maintenant. Pas autre chose.

La deuxième chose, nous n’avons pas détourné d’argent. Nous n’avons été coupables d’aucun détournement, on ne pouvait pas faire de détournement de denier public parce que les paiements sont effectués directement par le Trésor public à l’entreprise. L’argent ne transite pas par le ministère. C’est une affaire entre le Trésor et l’entreprise », avait réagi celui qui était à l’époque des faits, ministre de l’Enseignement supérieur. Quelques semaines avant le DAAF de ce ministère, c’est un poids lourd du régime Ouattara, en la personne d’Adama Bictogo, qui était limogé du gouvernement. L’actuel président de l’Assemblée nationale et maire de Yopougon, était à l’époque ministre de l’Intégration africaine.

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AU PURGATOIRE AVANT LA RESURRECTION
« Le limogeage de Bictogo fait suite au nouveau scandale des déchets toxiques en Côte d’Ivoire. Ce proche du chef de l’État, Alassane Ouattara, est accusé par une association d’avoir perçu une partie des sommes versées par Trafigura (la société néerlandaise affréteuse en 2006, du navire polluant, Probo Koala) pour l’indemnisation des victimes. Début 2010, Adama Bictogo dirigeait le cabinet de consulting MBLA et a mené une médiation entre les différentes parties pour laquelle il a été rémunéré par la Coordination nationale des victimes des déchets toxiques (Cnvdt), dirigée par Claude Gohourou, autre personnalité mise en accusation.

Depuis février dernier (2012, ndlr), les enquêteurs de la police économique et financière ont transmis leur rapport au procureur de la République, Simplice Kouadio, recommandant l’ouverture de poursuites judiciaires pour ‘’faux, usage de faux, détournement de fonds, recel et complicité’’ », avait écrit Jeune Afrique, suite au limogeage, même si d’autres sources, en son temps, avait indiqué que le député d’Agboville aurait trempé dans un deal qui a mal tourné au Mali où il avait été missionné par Alassane Ouattara pour trouver une issue à la crise à laquelle était confrontée ce pays.

Toutefois, après un petit moment au purgatoire, l’homme d’affaires, patron de la société Snedai, réputée pour rafler depuis plus de dix ans, plusieurs contrats publics, en gré à gré, est très vite revenu au-devant de la scène, jusqu’à devenir président de la Chambre basse du Parlement ivoirien. Un retour en grâce qui a inspiré d’autres prédateurs des deniers publics ? Ce qui est certain, c’est que les scandales, il y en a eu une foultitude depuis lors et qui n’ont donné lieu à aucune sanction particulièrement exemplaire.

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Dans ce registre, l’on peut citer entre autres l’attribution d’un marché de ramassage d’ordures impliquant la ministre Anne-Désirée Ouloto et un proche d’Adama Bictogo, sans l’aval de l’Autorité nationale de régulation des marchés publics (Anrmp) ; l’attribution par l’ancienne ministre de l’Education nationale, Kandia Camara, d’un marché de collecte des frais d’inscription dans les écoles publiques à Celpaid, une entreprise appartenant à l’ex-ministre de la Construction, Mamadou Sanogo.

LA BONNE SANCTION POUR LES PETITS COUTEAUX
Toutefois, à côté de ces ‘’petits arrangements’’ d’autres actes de mal-gouvernance, ont provoqué une vague d’indignation, nécessitant une réaction a minima du chef de l’Etat. Au nombre de ceux-ci, l’on peut citer l’affaire du détournement des primes des Eléphants footballeur à la Coupe d’Afrique des nations 2015, remportée par la Côte d’Ivoire, qui avait coûté son poste à Alain Lobognon, même si celui qui était un fidèle parmi les proches de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, continue de clamer son innocence. Comme dans le cas du chantier de la rénovation des universités, c’est notamment le DAAF du ministère des Sports qui sera envoyé en prison.

Ce scandale avait poussé plusieurs cadres de l’équipe nationale de football, dont Yaya Touré, à cesser de jouer pour les Eléphants. Il y a aussi les scandales de détournement au Fonds d’entretien routier (FER), à l’Autorité de régulation des télécommunications (Artci) ou encore à l’Agence de gestion foncière (Agef). Si Lamine Coulibaly, ex-DG de l’Agef est depuis lors incarcéré au pénitencier d’Abidjan pour les chefs d’accusation « d’escroquerie portant sur la somme de 998 172 572 francs CFA, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux », en compagnie del’un de ses collaborateurs, également mis en cause, les anciens dirigeants du FER et de l’Artci, cadres du Rhdp, n’ont jamais été inquiétés, au-delà de leur limogeage.

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Pas plus que les personnes impliquées dans un vaste réseau d’importation de véhicules non-dédouanés ou dans un trafic de bons d’exonération destinés aux parlementaires. Ces bons, destinés aux députés et sénateurs et qui les exonèrent de certaines taxes, se sont retrouvés sur le ‘’marché noir’’. Le cerveau identifié du trafic, après un cours séjour en prison, a été condamné à seulement 5 ans de prison, sans jamais retourner en milieu carcéral.

COUPS BAS ENTRE PROCHES DU CHEF
Toujours dans le registre des scandales qui ont fait jaser, sans plus, l’on peut également lister le trafic de bois impliquant des exploitants forestiers et des agents du ministère des Eaux et forêts, à l’origine, selon Jeune Afrique, du débarquement en 2021 de Richard Alain Donwahi du gouvernement ; ou l’affaire de fraude sur les documents administratifs ivoiriens ; le trafic de timbres administratifs dans plusieurs mairies et autres centres d’état-civils, ou encore la saisie record, en avril 2022 de 2 T de cocaïnes, à Koumassi et San Pedro, qui faisait suite aux révélations d’un important trafic de drogue faite par Vice Média, dans lequel aurait trempé l’ancien Premier ministre, Hamed Bakayoko.

Si à l’époque de la divulgation de l’affaire, ce très proche du chef de l’Etat, qui était ministre de la Défense, avait menacé de saisir la justice, pour laver son honneur bafoué par lesdites révélations, son entourage soupçonnait fortement un autre baron du Rhdp, de s’être servi de Vice Media, pour faire couler un rival gênant.

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Dans l’affaire des 49 soldats ivoiriens arrêtés en juillet 2022 au Mali, pour soupçons de mercenariat, plusieurs médias ont révélé un deal qui a mal tourné et qui a conduit à l’interpellation des soldats ivoiriens. Et, malgré les noms de personnalités ivoiriennes, au cœur de cette présumée magouille, aucune enquête n’est parvenue à ce jour à situer les Ivoiriens sur les tenants et aboutissants de cette affaire.

A l’image des précédents, tous ces scandales révélés généralement par des journalistes, ont été ‘’gérés au calme’’ jusqu’à leur extinction. Le ministère de la Promotion de la bonne gouvernance, la Haute autorité pour la bonne gouvernance n’y ont vu que du feu. Des organismes de lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance, quasiment incapables de traquer des malversations de moindres ampleur, liées entre autres à la prédation foncière devenue un phénomène social dans le pays ou des actes courant de corruption dans l’administration publique ou dans les entreprises de prestation de services, telles que le contrôle technique automobile.

Selon nos informations, parfois derrières ces révélations, se cachent effectivement, comme dans le cas des révélations sur le trafic de drogue qui aurait impliqué l’ancien maire d’Abobo, il s’agit de crocs-en-jambe orchestrés par des rivaux internes au Rhdp. Nos sources indiquent aussi qu’il peut s’agir d’opérations de communication destinées à faire croire à l’opinion que le chef de l’Etat reste intéressé par la lutte contre la mal-gouvernance. En faisant juste le strict minimum.

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