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Putsch au Niger : A Niamey, quel est la stratégie de la France, revient-elle à la France de conférer une légitimité à un pouvoir ?

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Assurément, la crise au Niger est devenue un casse-tête, voire, un os dans la gorge des autorités françaises. Comme un homme qui se noie, la France se débat désespérément pour trouver une branche ou une brindille à laquelle elle pourra s’accrocher pour se sauver et sauver les meubles.

En effet, au-delà des grandes déclarations de principe déclamées sur les plateaux de télévision, tendant à faire croire que la France n’a pas de si grands intérêts au Niger, la réalité et la fébrilité qui s’est emparée de ses dirigeants démontrent le contraire.

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Sommée par le nouveau pouvoir de Niamey de retirer ses troupes du Niger, son ambassadeur déclaré persona non grata, la France s’arc-boute sur une argutie pour rester au Niger.

Elle monte sur ses grands chevaux, refuse d’obtempérer en arguant que seul l’ex-président Bazoum est légitime et peut faire une telle demande. Elle ne reconnait par conséquent pas ce nouveau pouvoir.

Et c’est là qu’apparaissent certains traits de caractère de cette France en Afrique : l’arrogance et la duplicité.

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Revient-il à la France de conférer une légitimité à un pouvoir ? Qui lui a conféré ce pouvoir ? Ne lui est-il jamais arrivé de commercer avec des pouvoirs issus de coups d’états ?

En remontant le cours de l’histoire en Afrique, on est surpris de la nouvelle posture de la France. Elle a été l’instigatrice de nombreux coups d’états en Afrique. Elle a bel bien entretenu des rapports étroits avec des pouvoirs qu’elle qualifierait aujourd’hui « d’illégitimes » sans aucune gêne.

Mais on le comprend. Surprise par la célérité avec laquelle elle est en train d’être mise à la porte de ce qui fut son empire colonial, elle cherche vainement des arguments « juridiques » pour s’éviter une autre honte.

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Sinon, elle a été priée de partir du Mali par un pouvoir qu’elle a qualifié d’illégitime parce qu’issu de deux coups d’états, sommée de déguerpir ses troupes du Burkina Faso par un autre pouvoir militaire, celui du capitaine Ibrahim Traoré. A ces demandes, la France s’est pliée, sans faire remarquer qu’elle ne reconnait pas ces pouvoirs parce que non démocratiques.

Alors d’où vient que dans le cas du Niger, elle veuille donner des leçons de démocratie, de légalité et de légitimité ?

L’explication est toute simple. En quittant le Mali et le Burkina Faso, la France pouvait se replier au Niger, qui d’un point de vue stratégique, est plus important que les deux pays susmentionnés. Présente au Niger et au Tchad, elle pouvait sereinement veiller sur ses intérêts dans la zone sahélo-saharienne.

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Mais aujourd’hui, le Niger entend se donner une nouvelle destinée sans les troupes françaises sur son sol. C’est alors que la France se souvient qu’elle ne collabore pas avec des régimes putschistes.

On peut alors se demander depuis quand la France s’est donnée cette ligne de conduite !

Depuis les indépendances factices qu’elle a octroyées à ses anciennes colonies, la France ne s’est jamais empêchée d’avoir commerce avec des pouvoirs issus de coups d’états ; coups d’états dont certains étaient à son instigation.

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Elle a bien eu à commercer avec le Niger depuis le coup d’état de Seyni Kountché qui a fait chuter le premier président nigérien Hamani Diori. Elle n’avait jamais eu à demander le rétablissement au pouvoir de ce dernier. Elle ne s’est jamais plaint des pouvoirs militaires qui se sont succédé à la tête de ce pays depuis lors.

On n’oubliera non plus, qu’au Togo, après avoir déposé et tué le président Sylvanus Olympio, Gnassingbé Eyadéma était devenu un ami et un allié de la France. Celle-ci n’était jamais montée au créneau pour faire la morale et donner des leçons, juste par le fait que Gnassingbé était devenu son bras séculier pour les basses besognes.

Les exemples sont légion, et l’appréciation des dirigeants français est fonction de leurs intérêts non de la démocratie et des droits de l’homme.

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On le comprend et c’est leur droit le plus absolu. Ce qui l’est moins, c’est quand Emmanuel Macron et la France s’érigent en objecteurs de conscience, et donnent des leçons à tout le monde.

Il est indécent de qualifier le pouvoir de Niamey d’illégitime, tout en commerçant sans aucune gêne, avec celui du Tchad tout aussi issu d’un coup d’état, de répondre aux injonctions des pouvoir de Bamako et de Ouagadougou et de trouver des prétextes fallacieux pour rester au Niger.

Mais personne n’est dupe. Ces gesticulations et ces arguties mises en avant pour refuser de quitter le Niger démontrent de toute évidence que la France est aux abois, et ne comprend pas ce qui lui arrive.

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Elle ne comprend pas que certains pouvoirs africains puissent lui tenir tête, alors qu’il y a peu, c’est elle qui régentait tout, dans son pré-carré. Certainement pour ses dirigeants, le temps était figé. Ils ne se sont pas rendu compte que le temps de « moi missié » était passé.

Il est évident qu’on ne peut reprocher à la France de ne vouloir collaborer qu’avec des pouvoirs légaux et légitimes. Cela est même à saluer.

Mais qu’elle nous explique alors, pourquoi, il y a quelques années, elle avait reconnu l’opposant vénézuélien Juan Guaido, qui s’était auto-proclamé président par intérim du Venezuela, alors que le président légal et légitime Nicolas Maduro était en place ? Quelle explication plausible peut-elle donner ?

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La France n’est pas à une contradiction près. La fuite en avant qui est la sienne aujourd’hui relativement au Niger, doit juste lui permettre de gagner du temps, et surtout permettre à ses obligés de la Cedeao de tenter une opération militaire. Ce serait l’aubaine rêvée pour ses 1 500 soldats au Niger d’en finir avec le nouveau pouvoir de Niamey.

On n’est pas encore là, mais les nigériens se doivent de rester sur le qui-vive !

Ainsi va l’Afrique.

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Mais s’il y a eu un soir au Niger, il y aura assurément un matin et l’ivraie sera séparée du vrai.

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