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Tchad : A N’Djamena, éviction du ministre du pétrole, une lutte de clans pour le contrôle du secteur pétrolier

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Cette journée a été marquée par la rencontre entre Emmanuel Macron, président de la République française, et le dictateur tchadien à l’Élysée. Quelques minutes avant cette réunion de haut niveau, un mini-scandale éclatait à l’hôtel Royal Monceau, où logeaient Mahamat Kaka et ses courtisans.

Le protocole français annonça que le Général Idriss Youssouf Boy n’était pas le bienvenu à l’Élysée, déclenchant ainsi la colère de Makambo.

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Kaka, accompagné de Mahamat Assileck Halata, ancien rebelle devenu ministre de l’aménagement du territoire, et du Général Serge Pinault, alias Ahmed Kogri, directeur de la police politique, fut reçu par le chef de l’État français pour un entretien privé d’une heure. Macron aborda divers sujets, notamment la situation au Sahel, en particulier au Niger. Il exigea aussi de Kaka de revoir sa position sur Masra, afin de faciliter une approbation financière et politique par l’Union Européenne des prochaines échéances électorales. Avant de prendre congé, Macron présenta à Kaka un document financier confidentiel révélant des transactions de plusieurs milliards entre le Tchad et des paradis fiscaux via une banque norvégienne.

Le message était clair : la France ne pourrait continuer à soutenir le Tchad au sein des institutions internationales si des milliards étaient détournés par la présidence et placés à l’étranger. De manière plus subtile, Macron laissa entendre à Kaka que la France avait des informations sur la localisation de ses avoirs, et qu’ils pourraient être gelés à tout moment.

Pour comprendre la relation entre l’échange Macron-Kaka et le limogeage de Djeramsem Le Bemadjel, il faut revenir sept mois en arrière. En mars 2023, la raffinerie de Djermaya fut arrêtée pour des travaux de rénovation. Cela entraîna une pénurie de carburant à l’échelle nationale. Pour pallier cette situation, la junte tchadienne contracta un prêt de 70 milliards de FCFA auprès de diverses banques de la CEMAC, garantie par la Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT).

L’ensemble de l’opération était sous le contrôle de la présidence. Mahamat Kaka supervisait chaque étape et était informé en temps réel. Il chargea le Général Idriss Youssouf Boy de mener à bien ce processus. Une équipe composée de quatre personnes, incluant le ministre du pétrole, Djerassem le Bemadjel , le directeur de la SHT, Éric Ndoassal, le directeur de l’ARSAT (l’autorité de régulation du secteur pétrolier aval du Tchad), Adoum Djimet Saboun, et enfin le directeur des douanes, Ahmat Abdelkerim « Bolloré », apportait son soutien à Makambo.

Pour donner une apparence de légalité à cette opération, sans avoir à recourir à un appel d’offres international, une société écran, baptisée « NOOR Energy AS », fut créée. Pendant que ce groupe opérait dans les coulisses pour transférer les milliards, la pénurie de carburant sévissait à Ndjamena, causant des conséquences catastrophiques, telles que la paralysie de milliers de petites entreprises, la multiplication par deux des coûts des transports urbains et interurbains, et des files d’attente interminables devant les stations-service.

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Idriss Youssouf Boy ordonna un virement de 50 milliards de NOOR Energy vers une banque située dans les îles Marshall britanniques, un paradis fiscal, prétextant un transfert à une entreprise de négoce pétrolier. Il déclara que l’ordre émanait du plus haut niveau de l’État lors d’une réunion en petit comité. La BEAC s’alarma et exigea une enquête sur cette mystérieuse société créée à peine trois mois auparavant, et dont l’organigramme restait opaque. Un rapport fut même remis à Kaka.

Malheureusement, le temps nécessaire pour mener une enquête approfondie permit la réalisation du transfert de la somme. Pendant ce temps, les Tchadiens souffraient des conséquences de la pénurie. Quelques citernes de carburant furent importées mais le gros des millards disparurent. Pour rembourser les banques, poussant le cynisme au bout, Makambo et la présidence firent payer la facture aux consommateurs tchadiens en augmentant le prix des carburants via des pressions de l’ARSAT sur la raffinerie de Djermaya.

Sept mois après ce scandale, Mahamat Kaka avait-il pris soudain conscience que le monstre qu’il avait contribué à créer lui échappait ?Sous la pression du clan au pouvoir, des intérêts français, et d’un lobby conduit par le Général Kogri, Mahamat Kaka semblait engager une stratégie visant à éliminer progressivement son alter ego, Idriss Youssouf Boy. Il faut Insister sur « progressivement ». Parce que Mahamat Kaka est incapable d’affronter et de limoger directement Idriss Youssouf Boy, l’architecte principale de la crise énergétique dans le pays.

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Faute de mieux, il faudra éliminer le laoukoura de service le tout était orchestrée discrètement par Kogri et le directeur de cabinet particulier adjoint à la présidence, Goudjé Gueilleh Hemchi. Ce dernier se chargeant de diffuser discrètement des documents de la SHT et de la raffinerie triés sur le volet, documents que TchadOne a pu consulter.

Il apparaît que Djerassem Le Bemadjel, bien qu’impliqué, n’était que la victime d’une féroce lutte de clans. Il ne porte pas seul la responsabilité de l’échec de la politique énergétique de Kaka. La preuve est l’absence d’un début d’enquête pour éviter de toucher le vrai coupable : Idriss Youssouf Boy . Pendant ce temps, Adoum Djimet, le directeur de l’ARSAT, un acteur clé du Général Idriss Youssouf Boy dans le secteur pétrolier, Ahmat Bolloré, le directeur des douanes et principal logisticien du réseau mafieux, ainsi que le « cerveau » de la bande et directeur de la SHT, demeurent en poste.

Correspondance particulière TchadOne à Ndjamena

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