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Le MAE malien Abdoulaye Diop sur la crise au Niger : «Nous ne voulons pas d’une deuxième Libye !»

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En cinq minutes de lucidité, Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, a résumé ce qui se joue actuellement autour du Niger, expliquant l’opposition du Mali à toute réponse militaire à la situation dans ce pays, en porte-à-faux avec la politique interventionniste de la Cédéao.

Intervenant samedi lors d’une conférence sur le thème : «L’action diplomatique malienne, quelle stratégie pour une politique étrangère plus forte et avantageuse ?», cet ancien diplômé de l’ENA d’Alger a été offensif sur des questions diplomatiques brûlantes, avec un langage panafricaniste et assumé où la souveraineté était le maître mot.

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Abordant l’actualité nigérienne, Abdoulaye Diop a estimé que s’agissant d’un problème interne, la solution ne peut venir que des Nigériens eux-mêmes et que toute intervention de l’extérieur ne peut que provoquer d’autres problèmes.

«C’est un pays, c’est un Etat souverain, laissez-les régler leurs problèmes, vous ne pouvez pas leur apporter la solution, c’est un différend interne», a-t-il déclaré en mettant en garde contre toute velléité d’ingérences. Pour lui, les ingérences sont à la base des problèmes qu’on connaît actuellement au Niger, tout comme les expériences précédentes ayant mis la région du Sahel en situation d’anarchie.

Le diplomate a établi le parallèle avec l’intervention de l’Otan en Libye qui a débouché sur une guerre fratricide qui dure depuis dix ans, alors que les promoteurs de l’intervention se sont vite retirés.

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«On a vu l’invasion, l’agression de l’Otan en Libye. Mais ceux qui ont agressé la Libye ce n’est pas eux qui ont des problèmes, c’est nous, et ils sont partis», a-t-il déclaré.

Et d’expliquer que s’il y a intervention extérieure au Niger, le Mali en subira les conséquences comme il a souffert suite à l’intervention en Libye, en condamnant, par ailleurs, l’embargo «inhumain», imposé au Niger depuis le putsch militaire. Embargo qui prive la population, y compris de la nourriture et des médicaments, est-il rappelé.

«Le sale boulot»

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En quoi l’embargo peut-il servir les droits de l’homme ? Comment peut-on se couvrir de démocratie quand on condamne la violation de la constitution au Niger et qu’on l’applaudisse ailleurs ?

Abdoulaye Diop ne mâche pas ses mots quand il s’agit de déchiffrer les véritables intentions de la Cédéao et celles des capitales occidentales qui ont condamné au quart de tour le putsch militaire contre la présidence de Mohamed Bazoum.

«Si on condamne le changement anticonstitutionnel civil, il faut dénoncer la prolongation anticonstitutionnelle des mandats qu’on a autour de nous », dit-il en soulignant la politique des deux poids deux mesures.

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Et d’affirmer devant ses compatriotes que les forces opposées au putsch et favorables à une intervention au Niger, ne sont guère motivées par la sauvegarde de la démocratie : « Ce n’est pas la démocratie qui est en question, ils veulent des gens qui leur sont favorables. »

La Cédéao a été activée, déclare Diop sans citer cependant les commanditaires, même pas la France avec laquelle son pays est en rupture, considérée comme source du mal dans ces anciennes colonies.

Dans son laïus, Diop a clairement accusé la Cédéao de défaut de solidarité avec les populations du Sahel affligées par le terrorisme djihadiste.

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D’où l’incongruité, pense-t-il, de sa mobilisation aujourd’hui. «Ces pays qui viennent aujourd’hui donner des leçons au Niger et au Mali, est-ce qu’ils nous ont donné un seul fusil kalachnikov pour nous battre ? […] pendant dix ans nos gens sont morts, les terroristes nous ont attaqués, mais on n’a jamais vu un sommet pour dire oui on va envoyer 1000 hommes au Mali pour se battre contre les terroristes», lance-t-il à l’endroit de la Cédéao.

Et de finir sa démonstration en révélant ce qui est pour lui est à la base de l’activisme de la Cédéao. «Maintenant que vous avez un des vôtres entre les mains des militaires, vous vous réveillez pour envoyer une force.

Quel message ça envoie aux populations africaines ? Est-ce que c’est leurs vies qui sont importantes ou c’est autre chose ? Ou c’est d’autres jeux, ou c’est d’autres qui ont besoin de la Cédéao pour faire le sale boulot pour eux ?» Pour le Mali, c’est absolument clair, conclut Abdoulaye Diop.

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